L’emblème de l’opéra français, l’un de ses plus grands succès – et en même temps quelque chose comme sa mémoire. Gounod se souvenait avoir eu le livre de Goethe sous le bras toute sa jeunesse, jusque dans les jardins de la Villa Médicis où il était pensionnaire. Vingt ans plus tard, Carvalho acceptait enfin de le lui commander et il eut raison : Faust fit les beaux jours du Théâtre-Lyrique puis de l’Opéra. De là, il conquit le monde entier et le Metropolitan de New York le choisit pour sa soirée inaugurale du 22 octobre 1883. Les plus grands chanteurs y ont laissé leur empreinte : Jean de Reszké ou Muratore en Faust, Faure – le créateur –, Maurel, Delmas ou Marcoux en Méphisto et, pour Marguerite, Christine Nilsson, Patti, Melba, Farrar, Garden… Peu d’ouvrages ont été autant aimés et bien traités que ce Faust… Et certes, plus fidèle qu’on ne l’imagine à Goethe, il inspire à Gounod un lyrisme juvénile et tourmenté, des douceurs et des frayeurs mémorables.