On a rarement vu dans le cinéma français un film aussi dépaysant, amusant, bourré de charme et jubilatoire. Le couple Jean-Paul Belmondo / Françoise Dorléac est resplendissant de jeunesse, d'énergie et de fougue. Le scénario co-écrit par Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine, Daniel Boulanger et Philippe de Broca est tour à tour surprenant, hilarant, inquiétant...une véritable adaptation de Tintin au cinéma. Le cinéaste Philippe de Broca ne s'en est d'ailleurs jamais caché, le scénario est largement inspiré de celui de L'Oreille Cassée d'Hergé. On suit donc les aventures de ce nouvel aventurier, simple soldat de deuxième classe en permission qui va se lancer à la poursuite des kidnappeurs de sa fiancée jusqu'à Rio de Janeiro. L'occasion pour Bebel de se démener comme rarement un acteur français a fait jusqu'à maintenant. Il saute, court, bondit, poursuit les méchants à moto, en avion, en parachute, en vélo, en voiture et quand la mécanique lui fait défaut il court encore ! C'était le début des cascades et Bebel ne s'en prive pas notamment durant la scène de l'immeuble en construction. A ses côtés la sublime Françoise Dorléac, âgée de 21 ans, impose une véritable personnalité et illumine le film de sa beauté et de son naturel (quel rire !). Le cinéma français ne s'est jamais remis de sa tragique disparition en 1967. Jean Servais incarne le méchant idéal, charismatique, ambiguë et déterminé. C'est aussi l'occasion de rendre hommage à un des plus grands cascadeurs du cinéma français, Gil Delamare, décédé lors d'une cascade en 1966. Philippe de Broca trouvait en Belmondo son interprète idéal, qui ne se prenait pas au sérieux, casse-cou et véritable clown. Leur collaboration allait déboucher sur les plus grandes comédies populaires des années 60-70 en déclinant vers un non-sens, un pastiche, un surréalisme (dont l'apogée sera Le Magnifique) dont la comédie made-in-France ferait bien de s'imprégner. L'Homme de Rio est devenu un Classique, un chef d'oeuvre du genre.