https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/12/20/larme-fatale-3-critique/
L’arme fatale 3 prolonge la pleine incarnation de l’esprit buddy movie dont le charme a déjà tellement opéré dans les deux premiers opus grâce aux personnages de Riggs et Murtaugh créés par le scénariste Shane Black alors qu’il était âgé de 23 ans. Le réalisateur, Richard Donner n’était pas qu’un poète, mais ses réalisations sont carrées et très efficace, ce qui émerge incontestablement dans la tétralogie. Générique de début, c’est un frisson de plaisir intense… Ce bruit de briquet… Claquement de doigt… La guitare de Clapton… La voix de Sting…. Les images du feu…. Le film atteint sa 22ème seconde et presque déjà les larmes aux yeux…. Cœur de cinéphile… L’arme fatale 3 ne fait que commencer…. « It’s hard to say it… I hate to say… But it’s probably me »… serait-ce la bande originale au monde qui incarne le mieux son film…
Il est notable de penser que L’arme fatale 3 soit moins sombre et radical que les deux premiers opus, y compris car pour une fois, Riggs ne va pas connaitre l’horreur du deuil amoureux. Même si on est bien sûr très contents pour lui, cette noirceur nous manque quand même un peu, car elle apportait à la franchise cette profondeur qui contrebalançait aux quelques platitudes très hollywoodiennes des bonnes grosses productions.
Car même un cran en dessous, ce qui peut très vite devenir une affaire de puristes, les ficelles qui firent le sel de la saga, sont belles et bien présentes dans ce numéro 3, : Des méchants certes moins méchants qu’avant, mais toujours aussi méchants quand même, des discussions interminables entre Murtaugh et Riggs, qui en font, bien au-delà de l’univers classique du buddy movie, un véritable couple d’amoureux professionnels !! ; L’épaule déboitée qui se remet « manuellement » dans un cri et des yeux exorbités de Riggs contre une poutre ou autre, des « Ok » frénétiques de Léo, des « On y va à trois » ou « A trois on y va« , le talent très canin de Riggs, la scène de baston finale contre le big boss, des vannes sur la psy, et bien sûr le patrimonial « J’suis trop vieux pour ces conneries » de Murtaugh.
Mais ce qui fera éternellement la recette savoureuse de la série est ce lien entre les deux flics, cette alliance des contraires, qui tourne ici à l’alchimie la plus totale. Riggs, le chien fou solitaire a trouvé un ancrage, une attache auprès de Murtaugh et des siens, lui bien plus typique de la famille américaine moyenne. Il s’agit de deux grands affectifs qui l’air de rien passent leur temps à se dire je t’aime, tout en flinguant et cognant à tout va. Il existe une telle sincérité, une authenticité dans leur lien, qui va se forger au fil des épisodes. Renouant avec les plus beaux duos du genre en matière filmique ou littéraire, Ils alternent une forme de méticulosité dans le souci du détail sur n’importe quel sujet, tout en n’ayant plus aucun filtre, peu d’intimité, c’est au final un vrai couple.
L’arme fatale 3, comme ses trois frangins s’inscrit dans du bon gros blockbuster d’action, mais va évidemment bien au-delà, tant les recettes déployées précédemment fonctionnent, en termes d’innovation filmique, mais surtout dans ce lien fou entre deux hommes pour qui finalement, tout fait lien, et tout fais sens ensemble. Un tantinet en dessous les deux premiers, mais largement supérieur à celui qui suivra, L’arme Fatale 3 n’en demeure pas moins un véritable kiff et pour nous, clairement, « C’est Ok« !!