Si je n'avais pas vraiment goûté au premier Batman de Tim Burton, c'est sans doute en bonne partie par un certain manque d'ouverture, ne laissant pas vraiment sa chance au style du réalisateur d'imprégner l'univers du Dark Knight. Batman returns, quant à lui, me prouve avec netteté mon erreur, illustrant tout à fait combien les comics regorgent de possibilités pour développer son imaginaire gothique, à la limite de l'expressionnisme. Il suffit d'ailleurs de se pencher sur la direction d'acteurs de Burton, en particulier sur le rôle attribué à Keaton, pour comprendre que ce long-métrage est un Burton avant d'être un Batman. L'acteur, à mon goût, n'a pas la carrure, l'aura pour devenir le justicier badass que Nolan a préféré développer, mais Burton préfère plutôt encourager chez lui une certaine excentricité qui s'intègre très bien à la dynamique de son film. Cette dynamique, comme je l'ai dit plus haut, est également entretenue par les possibilités de déclinaison de l'univers des comics, surtout les personnages de Catwoman et du Pingouin, figures torturées et déformées sorties d'un imaginaire de conte, parfaitement à leur place dans la recherche onirique du célèbre réalisateur qui vient à nouveau chercher la part enfantine qui nous reste, habilement caché derrière un sérieux consommé. Pas effrayant pour un sous, le film semble pourtant sorti tout droit d'un cauchemar, et pourrait encore être ultra-poétique si l'image n'avait pas tant vieilli (22 ans, quand même). Le problème du récit demeure, en dépit des prestations fantastiques de Pfeiffer (féline, sexy, complexe - elle ridiculise Hathaway) et DeVito (barré et animal), un manque gênant d'intensité que j'ai clairement ressenti sans vraiment pouvoir l'expliquer. Tout un symbole, c'est le grand Christopher Walken, dont la présence est d'ordinaire hypnotique, qui symbolise le mieux ce petit et relatif (au regard de ses standards ultra-élevés) manque de force. Malgré tout, Batman returns est une oeuvre de qualité, et d'un intérêt certain. Même si bien sûr, elle ne plaira pas à tous les puristes, de par l'utilisation particulière qu'elle fait de l'univers du chevalier noir.