Avec " La guerre du feu", on est bien loin des gentils nanars, candides et puérils, qui se sont piqués de traiter naguère de l'existences de nos ancêtres préhistoriques. Le film de Jean-Jacques Annaud fascine à la fois sur un plan formel, avec ses décors choisis, sa reconstitution minutieuse, sa réalisation et sa photographies soignées, autant que par son contenu très documenté s'appuyant sur des connaissances scientifiques et des hypothèses plausibles qui s'intègrent harmonieusement à la fiction.
Car le sujet d' Annaud n'est pas seulement une leçon de choses; l'histoire est un habile compromis entre la fiction dramatique et spectaculaire, et le didactisme. Conçue autour d'une idée simple et fondamentale, celle de la domestication du feu, déterminante dans l'histoire de l'humanité, l'intrigue conte l'aventure périlleuse et initiatique d'un trio de Néandertal parti à la conquête d'un quelconque bûcher pour sauver sa tribu. Nulle faute de goût ou maladresse dans cette représentation de l'homme préhistorique, son langage primitif, ses expressions faciales et ses attitudes ou mouvements encore simiesques, son mode de vie clanique, on n'ose pas dire sa condition.
Le récit a le souci constant de l'autenticité présumée, du détail juste évoquant notamment l'apprentissage, l'éveil de l'intelligence, particulièrement lorsque les trois néandertaliens se confrontent à une autre espèce humaine plus évoluée. Précisément, l'action et ses péripéties invoquent le processus d'évolution, le recul de la primitivité auxquels la conquête du feu n'est évidemment pas étrangère. Riche par les idées qu'il suggère, le film l'est aussi pour cette part de mystère, de fantasme que la Préhistoire ne cessera jamais d'alimenter.