L’Horloger de Saint-Paul marque les débuts de Bertrand Tavernier, lequel, comme de coutume nous sert un film très propre, mais ici un peu creux quand même.
En effet, ce film est très réussi formellement. Très belle mise en scène, fluide, précise, avec toujours ce soin du cadrage propre au réalisateur, qui s’empare en plus fort bien des décors lyonnais. La ville est apparente, et il choisit judicieusement ce qu’il nous montre donnant une ambiance à la fois lumineuse et triste, utilisant une jolie photographie. L’Horloger de Saint-Paul est, visuellement, un film poétique, bien ancré dans son époque mais aussi atemporel, où s’entremêlent la gouaille lyonnaise et la mélancolie de l’histoire ! Je souligne aussi une bande son de qualité, qui elle aussi est tantôt alerte et plutôt joyeuse, et tantôt mélancolique.
Formellement réussi, L’Horloger de Saint-Paul est, en revanche, un film un peu tiède sur le fond. Le souci c’est le relatif manque d’action, une enquête qui n’est pas existante, ou trop peu, et une dernière partie au traitement trop abrupt. Tavernier se consacre pleinement à l’aspect psychologique du drame, et si c’est un choix audacieux plutôt bien traité par un réalisateur consciencieux, force est de constater qu’on s’ennuie parfois face aux longueurs, et que, pour le coup, en se concentrant uniquement sur Noiret, on n’a pas les points de vue qui aurait pourtant donné du relief à l’intrigue, du fils et de sa copine. Du coup, la narration reste très linéaire, et lorsque Noiret est dans l’attente, et bien on l’est aussi !
Le casting est composé d’acteurs plutôt solides, dans les premiers et les seconds rôles. Jean Rochefort est sobre mais convaincant, face à un Philippe Noiret que j’ai trouvé juste et sobre, mais parfois un poil trop théâtral. Après c’est un bon acteur, et il colle bien à ce personnage un peu quelconque, populaire, apportant sa sensibilité particulière qui le rend généralement mémorable dans les rôles dramatiques. Autour de ce duo, des seconds rôles de qualité, et on retiendra le charme délicat et triste de Christine Pascal, qui, en quelques scènes, nous perd dans ses yeux d’un bleu limpide !
L’Horloger de Saint-Paul est un joli film, c’est un fait, triste et optimiste à la fois. Dommage que l’histoire n’aille pas un peu plus loin, on aurait eu un film particulièrement marquant, mais il reste un joli premier film, et, je le crois, un prix Louis Delluc bien mérité. 3.5