Un très beau film qui a gardé tout son charme et sa fraîcheur et ce pour plusieurs raisons. Peut-être tout d’abord un très bon scénario, très original, bien sûr une base romantique avec cette jeune femme toujours amoureuse de l’homme qui l’a abandonné il y a 7 ans et l’a laissé seule avec son petit garçon. Mère célibataire elle est devenue entraîneuse de cabaret, et vie librement, elle couche quand elle veut , avec qui elle veut mais en gardant intact son amour et sa foi dans le retour de son homme, son 1er amour , leitmotiv qui sera récurent dans tout le film , « seul le 1er amour compte ». Elle élève son enfant de manière très libertaire, à la cool. Donc une thématique assez rare, et très bien construite, avec un patchwork d’actions et de scénettes, comme un puzzle, qui s’assemblera, comme par miracle, dans la très belle scène finale. Il y a ensuite des personnages secondaires formidables très intéressants, le personnage de Marc Michel, sorte de Pierrot lunaire, d’artiste rêveur , qui retrouve lui aussi son amour de jeunesse, sa Cécile , Mais malheureusement celle -ci aime l’autre homme . Le personnage de Elisa Labourdette ( star des 50’s, un peu oubliée) , formidable, iconoclaste, de jeune veuve rayonnante qui élève sa fille, jeune ado, seule, et se prend de béguin pour le bel artiste ténébreux, décalé, atypique, amour qui ne sera pas partagé. La jeune fille qui vient d’avoir 14 ans et qui tombe amoureuse du marin, amant de Lola, magnifique scène de séduction dans les manèges à la foire, beaucoup de fraîcheur pour cette jeune , mutine, jouant à la jeune femme affranchie, Lolita avant l’heure, et pourtant elle ne fera pas carrière. On retrouve aussi dans un rôle de danseuse du cabaret, la très belle Corinne Marchand, qui sera 1 ans plus tard la star iconique du film culte de Agnès Varda, « Cléo de 5 à 7 ». De très belles scènes de fêtes et de danses endiablées, dans le cabaret, puis toute cette mythologie autour du voyage, du départ, de l’abandon, de la fuite très Henri Laborit, très intéressant. Il y aussi cette image Noir et Blanc de Raoul Coutard, super esthétique et magique, et enfin la bande son de Michel Legrand avec en refrain principal l’allegretto de la symphonie n. 7 de Beethoven . Vraiment une œuvre magique de Jacques Demy, un 1er film très fort.