En 1960, Jacques Demy a 29 ans. Fort de son expérience d'assistant, puis de réalisateur de plusieurs courts métrages entre 57 et 59, il veut réaliser son 1er long métrage : en couleurs, ce sera une comédie musicale, "Un billet pour Johannesburg", avec Jean-Louis Trintignant. Faute du budget requis, "Lola", qui sortira en 1961, sera en noir et blanc (mais avec Raoul Coutard comme chef op), il y aura 2 ou 3 séquences musicales seulement, sans surprises puisque dans le cabaret où se produit Cécile/Lola (1ère collaboration avec Michel Legrand), et c'est le Suisse Marc Michel qui tiendra la partie de Roland Cassard, engagé sur le fil 3 jours seulement avant le début des prises de vue (il reprendra le rôle dans "Les Parapluies de Cherbourg" en 1964). Cette nouvelle sortie (copie neuve et numérisée à partir d'un internégatif retrouvé en Angleterre en 1999) permet donc de découvrir "Jacques", avant "Demy". Force est de constater que si tous les ingrédients des futures réussites ("Les Parapluies", ou "Les Demoiselles de Rochefort") sont bien là (destins croisés en particulier), si certains décors naturels nantais (comme le célèbre Passage Pommeraye) sont plaisamment utilisés, la seule ossature mélo, sans l’habillage chanté, unique et magique, peine à éveiller l’intérêt. Du coup, « Lola » paraît daté, quasi vieillot, limite ridicule par instants, impression renforcée par la diction impossible de la jeune Annie Dupéroux (Cécile Desnoyers), et plus encore celle d’Anouk Aimée dans le rôle-titre (minaudant un peu comme BB à la même époque – mais avec nez et menton pointus, donc bien loin de la beauté époustouflante de cette dernière…). Poussiéreux, et dispensable (sauf comme « incunable » filmique, pour apprécier l’oeuvre complète de Demy en perspective).