Avec Razorback, Russell Mulcahy réalise un film d'horreur efficace. L'histoire se déroule dans l'arrière-pays semi-aride australien, et nous fait suivre Jack Cullent, un homme qui, une nuit, est attaqué par un razorback, une créature sanguinaire ressemblant à un gros sanglier, dans sa maison isolée. Son petit-fils qu'il gardait est porté disparu suite à l'attaque. Le vieil homme est alors inculpé pour cette disparition mais est relâché faute de preuve. Depuis, il ne cesse de traquer cet affreux animal pour prouver sa bonne foi. C'est alors que deux ans plus tard une journaliste new-yorkaise, militante d'une association pour la protection des animaux, arrive sur les lieux pour un reportage sur les dérives de la chasse au kangourou. Ce scénario nous prend, pendant environ une heure et demie, dans sa spirale très singulière. Ce synopsis n'est que le point de départ d'une intrigue encore plus riche en rebondissements nous dépaysant dans cet enfer naturel hostile ou la faune et la flore peuvent être un danger, surtout quand un razorback rôde dans les parages. Ce film de monstre est plus profond qu'il ne laisse paraître puisqu'il traite de plusieurs thématiques comme de la culpabilité ou encore de la condition des animaux, sans oublier d'amour via une romance. Tous ces sujets mêlés donnent lieux à des scènes impactantes et sans concession dans ce qu'elles montrent à l'écran. Surtout, l'ambiance franchement inquiétante, malsaine et crasseuse, est une sacrée réussite et nous immerge totalement dans ce récit sordide. L'ensemble est porté par des personnages plutôt appréciables, interprétés par une distribution convaincante comprenant entre autre Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Chris Haywood, David Argue ou encore Judy Morris. Tous ces rôles entretiennent des relations basées sur la méfiance et la violence, soutenus par des dialogues de bonne facture. Sur la forme, la réalisation du cinéaste australien est de qualité. Sa mise en scène, qui se permet même deux ou trois transitions brillantes, évolue dans un environnement oscillant entre terre ocre désertique lumineuse et nuits dangereuses. Ces deux facettes, associées à une esthétique travaillée, nous gratifie de certains plans sublimes franchement mémorables. Une photographie qui sait également être repoussante et poisseuse jusqu'à en être palpable avec toutes les carcasses d'animaux présentes à l'image. De plus, la bête féroce est parfaitement rendue crédible à la faveur d'une animatronique remarquable couplée à des effets spéciaux eux aussi qualitatifs. Ce visuel morbide est accompagné par une b.o. signée Iva Davies, dont les compositions sont dans le ton de l'action et renforcent l'atmosphère menaçante. Cette traque au gros gibier s'achève sur une fin satisfaisante, venant mettre un terme à Razorback, qui, en conclusion, est un film méritant d'être découvert.