Diplomate gentillet et détaché, Justin vit avec son épouse au Kenya. Il préfère se préoccuper de son jardin propret, plutôt que de l’activisme de son épouse. Jusqu’au jour où celle-ci est retrouvée brutalement assassinée… Les tourments africains étaient visiblement à la mode à l’écran au milieu des années 2000 ! La pauvreté, la guerre civile, le trafic d’armes et les enfants soldats étaient régulièrement évoqués, dans des films tels que « Lord of War », « Blood Diamond », ou même le méga-flop « Sahara ». « The Constant Gardener » parle quant à lui du poids des compagnies pharmaceutiques, qui exploitent la misère pour avoir accès à un réservoir de cobayes gratuits. L’intrigue en mode « gentils activistes contre diplomates et industriels tous pourris » parait quelque peu excessive. Mais le scénario du film est relativement bien ficelé. D’une part, il évoque en flashbacks la relation entre les deux époux (Rachel Weisz aussi charmante que déterminée, Ralph Fiennes en mari tout doux se prenant la violence du monde en pleine figure). D’autre part, le mélange entre aide humanitaire, industrie pharmaceutique, corps diplomatique, donne du corps à un récit qui tend limite vers l’espionnage. Normal, c’est adapté d’un roman de John le Carré ! Côté mise en scène, Fernando Meirelles fait le choix d’un style caméra à l’épaule et d’une image relativement sobre. La plupart du temps, cet aspect documentaire fonctionne très bien, rendant plus percutant et réaliste la dureté des conditions de vie, et la pression que subit le protagoniste. D’autant qu’il n’empêche pas de profiter de quelques jolis paysages. Mais il faut avouer qu’il y a quelques passages où les gros plans sont forcés et la caméra tournoie trop, le film devenant moins fluide. Heureusement, ils sont limités. A l’arrivée, « The Constant Gardner » est un drame/thriller prenant et réussi, posant des questions pertinentes sur l’aide « humanitaire » et les relations entre l’Afrique et l’Occident.