Après la violence des favelas de Rio, le cinéaste Brésilien s’attaque cette fois aux abus pharmaceutiques pratiqués au Kenya. Tout aussi sombre et accusateur que la Cité de Dieu, The Constant Gardener est au moins aussi prenant.
Il adapte cette fois le livre glaçant de John Le Carré (La constance du Jardinier) et reste extrêmement fidèle à l’excellent roman. Tessa Quayle, jeune avocate et militante des droits de l’homme est retrouvée assassinée au Kenya où elle vit avec son mari, Justin, diplomate aussi délicat que médiocre. A priori, Tessa et le médecin qui l’accompagnait avaient une liaison et le crime est passionnel. Pour Justin, la vérité a été dissimulée, il va alors mener son enquête qui va l’embarquer dans un complot international qui changera sa vie et celle de beaucoup d’autres.
La première partie du film s’intéresse à la relation de Justin et Tessa. Leurs rencontre, leurs mariage, leurs vies en Afrique puis l’action de Tessa sur le terrain. Activiste acharnée, elle tente de mettre en lumière les injustices des industries pharmaceutiques sur le territoire Africain qui profitent de la pauvreté des habitants pour faire d’eux leurs cobayes.
La seconde partie du film se concentre sur l’enquête de Justin et son changement de personnalité suite au meurtre de sa femme. D’abord petit diplomate insignifiant, au fil du film Justin, emporté par la folie (amoureuse), s’impose comme un homme prêt à tout pour donner un sens à la mort de sa femme.
Ces deux amants maudits sont interprétés par Ralph Fiennes et Rachel Weisz. Charismatiques, subtils, lumineux, d’une précision émotionnelle exceptionnelle, les adjectifs sont nombreux pour définir l’interprétation de ces deux acteurs qui brillent par leurs sobriétés. On sent à travers ce film, que tout comme Mireilles, chacun est réellement impliqué dans cette cause, que ce film leurs tiens à cœur et qu’il n’est même qu’un prétexte pour délivrer un message et accuser.
Il y a beaucoup de choses à dire mais faut-il encore savoir le filmer. Avec plusieurs intrigues et évènements qui s’enchainent, il aurait pourtant été si facile de se laisser noyer dans tant d’informations mais The Constant Gardener s’inscrit comme un document édifiant sur toute l’horreur vécue par un pays (voir un continent) en souffrance.
En plus d’un film engagé, d’un thriller haletant, d’une sublime (et tragique) histoire d’amour, The Constant Gardener est également un superbe voyage dans ce magnifique pays qu’est le Kenya. Mireilles ou le Robin des bois du cinéma film comme personne l’Afrique (notamment grâce au fait qu’il est l’un des rares à filmer sur place !). Avec César Charlone (chef op qui magnifique chaque image), le Brésilien nous fait découvrir le lac Turkana, des déserts arides, des bidonvilles colorés le tout sur la très belle B.O. d’Alberto Iglesias (compositeur « attitré » d’Almodovar)… The Constant Gardener est et restera l’un des films les plus aboutis et les plus prenant sur le sujet ainsi qu’une leçon d’humanité magistrale. Un chef d’œuvre absolu !