« La constance du jardinier », tel est le titre français du roman de John Le Carré dont est tiré le scénario. Le jardinier, c’est Justin Quayle. Jardiner n’est que son hobby : il est diplomate au Haut Commissariat Britannique à Nairobi. Le film débute par une scène où Justin accompagne sa femme Tessa et le Dr Bluhm à l’aéroport. L’image se surexpose progressivement, effaçant Tessa et laissant Justin face à sa solitude.
Puis quelques plans furtifs d’une voiture les roues en l’air au bord d’un lac, un 4x4 qui s’approche, des hommes armés qui en descendent. Justin apprend que Tessa a été violée et assassinée, et que l’homme dont le corps a été retrouvé au côté du sien avait partagé la même chambre d’hôtel.
Commence alors un flash-back qui va se dérouler en même temps que l’enquête mené par le diplomate. Tessa et Justin, c’est l’union des contraires. Elle est battante, anti-conformiste, jusqu’au-boutiste. Lui est diplomate et britannique, dans le moindre de ses actes. Pourtant, ils s’aiment, et se sont jurés de se protéger mutuellement. En menant ses activités humanitaires, elle commence à découvrir les dégâts causés par l’expérimentation clandestine d’un médicament par une compagnie pharmaceutique. Progressivement, Justin va refaire le même chemin que Tessa, découvrant l’ampleur du complot et la puissance des forces auxquels il va devoir s’opposer…
La première partie du film est virtuose. La caméra de Meirelles virevolte autour des acteurs, leur laissant une liberté qui donne une force particulière à leur jeu. Même si les images sont superbes, l’Afrique qu’il nous montre est loin des cartes postales. Tournées en décors naturels, les scènes africaines montrent avec une force documentaire l’état de ce continent plus de quarante ans après la décolonisation.
Ici, on n’est pas loin du «Cauchemar de Darwin». La construction narrative est brillamment maîtrisée, entremêlant enquête policière, histoire d’amour et description des effets de la mondialisation sauvage.
La deuxième partie est plus conventionnelle ; elle nous montre l’enquête de Justin à Londres, Berlin et Nairobi. Elle s’étire un peu, et même si le rythme reste très nerveux, certaines péripéties peuvent paraître redondantes, et quelques scènes sont inutilement démonstratives. Il n’en reste pas moins que « The Constant Gardener » est une œuvre passionnante et efficace, une greffe réussie d’un talent venu de ce cinéma sud-américain en pleine ébullition sur la production hollywoodienne.
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