Always n’est pas le plus connu des Spielberg, et pour cause, c’est pas son meilleur film. On est ici sur un conte moderne, dans la veine de Ghost, mais dans un style plus sirupeux et moins crédible.
L’idée de base est assez proche de celle de Ghost en fait, sauf qu’ici le héros n’a pas vraiment d’antagoniste, et cela fait que le métrage est assez plat. En fait le héros meurt, et il doit, depuis l’au-delà aider un pilote à s’affirmer comme pilote, et aider sa copine à surmonter sa perte. Même si Spielberg n’a rien perdu de son sens de la narration, il faut avouer que les enjeux, potentiellement intéressants pourtant sont traités sans grand relief. On saisit mal son importance dans l’apprentissage du pilote par exemple, Spielberg le limitant à quelques scènes un peu ridicules parfois (celle avec le vieux). Quant à son rapport avec sa femme, c’est là aussi, hormis la séquence finale, assez convenu. Pour tout dire Spielberg arrive ici à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Il sait tellement bien raconter les histoires, qu’il parvient à nous faire croire qu’on regarde un film fort et profond, alors que passé la première demi-heure c’est tout de même très limité. Les 30 premières minutes, et le final reste cependant de bons moments.
Le casting est intéressant. Richard Dreyfuss est bon dans son rôle, un rôle qui aurait idéalement convenu à Robin Williams, et le doublage est d’ailleurs assuré par le doubleur de Williams. Dreyfuss apporte de la sensibilité, mais pour le coup peut-être pas ce côté « traumatique » qu’aurait pu amener un bon Robin Williams, puisque Dreyfuss s’émeut fort peu de son statut pourtant très frustrant. A ses côtés Holly Hunter joue très juste, avec quelques scènes d’une belle sensibilité. Autour de ce duo, un imposant John Goodman, un Brad Johnson à l’aise mais au personnage mal dégrossi, et une Audrey Hepburn, en guest-star, et au rôle pas très clair. Elle pouvait faire davantage je crois. Dans l’ensemble des acteurs intéressants, un peu inégaux mais plutôt bons dans leurs rôles.
Quant à la forme on retrouve l’efficacité de Spielberg. De bonnes séquences d’action réparties dans la première et la dernière partie. Une mise en scène fluide, un peu impersonnelle ici mais soignée, avec toujours un sens du spectacle et une capacité rare à instaurer une ambiance. Même si Always reste assez classique à bien des égards, Spielberg ne prenant guère de risque, et orchestrant par exemple des scènes romantiques d’un académisme certain, c’est propre. On pouvait cependant attendre davantage du réalisateur, qui semble engoncer dans les conventions, et plus à l’aise pour montrer le feu de forêt que les échanges romantiques entre les deux héros. Même la bande son est assez attendue et pas très surprenante.
Pour ma part, même si je reconnais à Always une efficacité certaine dans le récit, j’ai eu le sentiment d’assister à un conte moderne assez plat, dans lequel il ne se passe pas grand-chose. Le traitement reste fade, et même si Spielberg s’applique, cette application ne se fait pas vraiment en faveur de l’expression des sentiments et des émotions. Aimable, mais tout de même bien mineur dans la filmo du réalisateur. 2.5