Les comédies musicales font partie de mes gens cinématographique préférés, que ce soit "Chantons sous la pluie" de Gene Kelly, "Les Misérables" de Tobe Hooper, "Dancer in the Dark" de Lars Von Trier ou encore "The Rocky Horror Picture Show", je ne me lasse pas devant ce genre de film qui doit principalement son ambiance à sa musique. C’est un genre de délire dans lequel on doit accepter de plonger dedans pour se laisser ensuite guider tout au long du récit grâce à plusieurs chansons qui servent de narrations mais qui peuvent avoir de la personnalité grâce aux acteurs et à leur apparence ainsi qu’à leur prestation, aux décors, au contexte historique et plusieurs autres éléments qui jouent leur rôle dans ces chansons.
Pour parler de Sweeney Todd, la comédie musicale de Tim Burton sorti en 2007, je commencerais par dire que si je ne devais citer que trois films du réalisateur en question, ce serait : Edward aux mains d’argent, L’étrange Noël de Monsieur Jack (oui je sais qu’il ne l’a pas réalisé mais il a quand même écrit l’histoire, conçu les personnages et produit ce film donc ça compte largement) et bien sur "Sweeney Todd le diabolique barbier de Fleet Street" qui n’est rien de plus que mon deuxième long-métrage de Tim Burton préféré.
Pas mal de monde se plaint que Tim Burton n’apporte jamais de renouveau avec son univers, ses décors, ses couleurs et son style de cinéma. Alors c’est vrai qu’on trouve énormément de similitude dans la plupart de ses films, mais est-ce que ça veut dire qu’il faut nécessairement en dire du mal ou détester ? Certainement pas ! D’ailleurs, c’était la première fois qu’il s’attaquait à la comédie musicale alors ne me sortez pas une excuse pour dire qu’il ne fait que rabâcher son univers sans jamais rien apporter de neuf ! Et pour une première fois, le maître du fantastique et de la mise en scène n’a pas raté son coup et nous offre une comédie noire et gore sur un fond musicale des plus plaisants.
Les chansons peuvent paraître agaçante voire même trop présente pour certains si on n’est pas des habitués ou des fans du genre musicale, mais la plupart d’entre elle ont un intérêt à l’histoire et à l’ambiance du film : certaines présentes les personnages que ce soit celui de Sweeney Todd pour "No Place Like London" ou de Miss Lovett, d’autres apportent une forme d’humour noire jubilatoire comme la reprise de Johanna par Johnny Depp, Laura Michelle Kelly et Jamie Campbell Bower tandis que d’autres sont là pour apporter la mélancolie et la noirceur nécessaire à l’histoire et aux décors grisâtre et obscur fidèle au monde de Burton. Il y a bien deux ou trois chansons dont on peut douter de leur utilité comme "Ladies in Their Sensitivities" chanté par Timothy Spall mais hormis ceux-là, la plupart des chansons composé et écrite par Stephen Sondheim qui était à la charge de Burton à la place de Danny Elfman sont excellentes et la performance vocale des acteurs que ce soit Depp, Carter, Rickman, Bower, Wisener, Sanders, Spall ou Kelly est le résultat de beaucoup de travail et d’exercice, bravo à eux tous.
D’ailleurs, c’est l’occasion de parler des personnages et des acteurs en commençant par les partenaires fétiches de Burton et mon petit chouchou pour ce film : Johnny Depp, Alan Rickman et Helena Bonham Carter. Depp joue un Barbier condamné au bagne, qui ne peut retrouver son passé perdu et brisé, assoiffé de vengeance envers le juge Turpin car comme il le dit si bien, Ne jamais oublier, Ne jamais pardonner ! Tel est sa devise tout au long du film, Depp est littéralement habité par ce personnage qu’on prend aussi bien en sympathie avant d’en avoir peur et d’en être horripilé pour ses actes vengeresses, et tant qu’à parler d’interprétation musicale, ce mec a trimé comme un dingue pour réussir à émettre autant d’émotion durant ses interprétation, pour être capable de passer à un ton colérique et puissant à une sonorité vocale plein de tristesse aussi instantanément, ça mérite bien des applaudissement. Helena Bonham Carter, elle, n’est pas à évincer non plus pour ce qu’elle a à donner niveau chanson, sa voix chantant est superbe et elle m’avait déjà séduit avec "Les Misérables" et son rôle dans ce film-ci est surement dû à son succès dans ce drame musicale morbide. En plus de jouer une vendeuse de tourte
à base de morceau d’être humain
, son personnage est aussi attachant et agréable à suivre à l’écran
qu’elle est atrocement inhumaine à travers ses actions tout en ayant un côté humain qui nous empêche de la détester pour autant
, c’est ironique quand on voit qu’elle nourrit ses client
avec des tourtes à la viande humaine et devient complice de Todd et de ses folies meurtrières qu’il abat sur plusieurs clients qui deviennent vite de la viande chaude
, elle et Todd forment un duo à l’écran très palpitant qu’on a envie de suivre. Par contre, pour ce qui est du Juge Turpin et de ce cher Alan Rickman, autant son jeu d’acteur est aussi imposant, sobre et efficace que celui de Rogue dans la saga "Harry Potter", autant le juge Turpin plus vous le verrez à l’écran et plus vite vous allez le détester : violeur, séquestreur, juge impitoyable profitant de ses pouvoirs, vicelard à tout les bords et sans aucune morale qui n’attendez que de pouvoir sauter Lucy après avoir banni Todd, Alan Rickman ne déçoit aucunement et arrive à être aussi repoussant tout en imposant le respect comme il le faisait le personnage de Rogue et il se place au niveau du duo principal du film. Edward Sanders joue étonnamment bien pour un enfant, et sa voix est loin d’être insupportable alors que j’avais un mauvais pressentiment en le voyant à l’écran et lors de sa première prestation musicale, mais au final ça passe bien, surtout lors de la chanson "Not While I’m Around" qui est la plus tendre de tous. Jayne Wisever est aussi agréable à regarder dans sa robe bleu qu’à voir jouer (sans déconner, elle n’est pas laide à voire la jolie demoiselle), son rôle est important et représente l’élément clé de l’intrigue mais on la voit un peu trop en retrait par rapport au reste du casting, surtout pour n’avoir joué que dans deux films jusqu’à maintenant (son second rôle étant dans "Jane Eyre"). Surtout que sa présence dans ce film m’a permis de comprendre que Tim Burton avait une obsession pour les blondes dans ses films… si, si si si si si si y’en a au moins une dans chacun de ses films. Timothy Spall (salut Queudver) est aussi répugnant dans son personnage que dans la saga "Harry Potter", on n’a qu’une seule envie, le voir se faire couper la gorge tellement il est laid et répugnant intérieurement, à croire que cet acteur est né pour jouer des personnages aussi laid à l’extérieur qu’à l’intérieur. Jamie Campbell Bower est un peu en dessous du reste du casting, surement parce qu’il jouait un jeune homme encore pure et candide qui n’a pas connu les désastres de Todd et qui rêve naïvement d’amour auprès de Johanna, mais Anthony n’est pas détestable loin delà et il se révèle être persévérant et plus optimiste que le reste des personnages. Sacha Baron Cohen qui était amusant dans "Les Misérables", fait ce qu’il a à faire durant ses quelques apparitions mais sa façon d’imiter l’accent italien est assez bizarre quand même, je ne sais pas si les italiens maniant l’anglais parlent avec cet accent mais, on va lui laisser le bénéfice du doute. Et enfin, Laura Michelle Kelly était très réaliste lorsqu’elle joue la folle, là elle était superbe mais elle était juste correcte pour jouer la femme de Parker, sans plus. Donc pour ce qui est du casting, la totalité des acteurs ont fait du super travail digne d’une pièce de théâtre sur grand écran, surtout quand on sait que Sweeney Todd était une pièce de théâtre à la base inspiré du folklore anglais.
Pour l’univers, Burton a décidé cette fois-ci de l’imposer à la ville de Londres en la rendant la plus sombre et glauque possible, dés l’introduction on a un sentiment de malaise et d’épouvante avec la couleur pourpre du sang sur un environnement entièrement fait de gris et de noir et la musique d’introduction de Stephen Sondheim qui nous prépare déjà au drame théâtral londonien que va nous servir Burton. La ville de Londres est malfamé, inquiétante, triste, les acteurs ont un maquillage pâle bien dosé afin qu’ils puissent afficher sans problème une expression faciale, du Burton tout craché en somme. Ce qui n’empêche pas d’avoir un peu de couleur
lors d’une seule chanson chantée par Helena Bonham Carter
et d’apporter une touche de gaieté certes très courte mais qui allège un peu l’histoire. Et bien sur, John Logan à qui on doit le scénario pour "Noé" de Darren Aronofsky, pour"Jersey Boys" de Clint Eastwood ou encore celui de "Gladiator" de Ridley Scott fait un travail quasi parfait au niveau de l’histoire, pour ma part je n’ais pas déniché une seule incohérence dans l’histoire, on suit les acteurs comme si on assistait à une pièce de théâtre sur grand écran avec quelques idées sympa de mise en scène
comme celui de filmer la lame de rasoir avec lequel Todd regarde Miss Lovett qui est juste derrière lui
. D’ailleurs, si le grand final en a bluffé plus d’un, il y a aussi une seconde lecture d’après moi qu’on peut ajouter à ce final :
si vous avez bien suivi le film, les seuls survivants à la fin sont Anthony, Johanna et Toby et chacun de ces enfants ont une signification. Anthony et Johanna sont en quelques sortes les Benjamin Barker et Lucy de la nouvelle génération mais qui sont libérés de la dictature du Juge Turpin et de son serviteur Bamford, de la folie meurtrière de Todd pour qui la soif de vengeance l’aura perdu jusqu’à commettre l’irréparable et de Miss Lovett qui aura trompé Todd en lui cachant la vérité sur Lucy qu’il aura tué dans le but de pouvoir vire une romance impossible avec le barbier démoniaque, montrant qu’elle est prête à mentir pour avoir ce qu’elle désire. Quant à Toby, il représente le futur Sweeney Todd car, il tue Benjamin Barker par vengeance pour avoir tué Miss Lovett qui l’avait arraché à une vie exécrable et puérile et envers laquelle il commençait à avoir de l’attachement (ce qui était réciproque pour Miss Lovett qui reste humaine malgré les horreurs qu’elle a commise), mais Todd détruit ce bonheur inespéré et entraîne très probablement Toby dans une spirale de vengeance, laissant supposer aux spectateurs que ce garçon pourrait très bien devenir le nouveau monstre qu’a été Sweeney Todd dans un futur éloigné
. Je cherche peut être trop loin, mais quelque part je pense que ça a du sens.
Sweeney Todd le diabolique barbier de Fleet Street : une comédie musicale Burtonesque, un duo d’acteur terrifiant, un Alan Rickman excellent dans le rôle d’un grand salopard de service, des chansons pour la plupart très utile qui apportent quelque chose à l’histoire que ce soit pour l’intrigue,, l’humour noire ou même de l’émotion malgré la longueur de quelques unes d’entre elles, un dénouement final bluffant avec une seconde lecture probable (après vous n’êtes pas obligé d’y croire mais c'est ma théorie) et des personnages qui ont de la dimension avec un héros étonnamment profond. Tout simplement excellent et à voir si vous aimez Burton et/ou les comédies musicales.