"Good bye, Lenin !", ou quand la petite histoire individuelle croise l'Histoire majuscule. Point de départ : 26 août 1978. Ce jour-là, tandis que la fusée Soyouz emmène à son bord le premier cosmonaute Est-allemand, la famille Kerner se désagrège avec la fuite du père à l'Ouest. Rien ne sera plus jamais comme avant. Broyée par le rouleau compresseur du chagrin, la mère, Christiane, plonge en à pic dans un mutisme abyssal, devant les yeux impuissants de ses enfants. Sur le jeu de l'oie de la vie, la case "séjour à l'hôpital" va si bien la remettre sur pieds qu'elle passera de l'autisme à l'euphorie d'une débauche d'action sociale en faveur du régime communiste de son pays. Réflexe de survie et, à coup sûr, résultat du cocktail chimique hospitalier... Les années passent... 7 octobre 1989 au soir, Christiane assiste à la répression violente d'une manifestation pour la liberté de circulation dans les rues de Berlin. Incrédule, elle découvre son fils, Alex, parmi les manifestants. Lorsqu'elle voit les policiers lui tomber dessus et le tabasser, son coeur lâche, elle fait un infarctus et se retrouve une nouvelle fois à l'hôpital, plongée dans un coma profond en raison de la lenteur des secours... Les mois passent... 8 au total. 8 mois pendant lesquels l'Histoire a chaussé les bottes de 7 lieues et la RDA entamé sa marche forcée vers la démocratie capitaliste. Le Mur est tombé, l'Allemagne est réunifiée. Et la mère se réveille, inconsciente du basculement de l'Histoire. Mais face à ce réveil miraculeux, les médecins ont mis ses enfants en garde : le moindre choc serait fatal. Alors, Alex va tout mettre en oeuvre pour la préserver, déployant inlassablement des trésors de patience et d'énergie pour lui faire croire que rien n'a changé, jusqu'aux cornichons et au café... Sur un sujet original, Wolfgang Becker réalise un très bon film. On pourrait croire que tout est écrit, mais il sait parfaitement ménager le suspens et réserver de vrais rebondissements... Le film date de 2003, presque 10 années. Contre toute attente, on observe maintenant un changement de mentalités de plus en plus évident, avec ce petit goût d'ostalgie qui aujourd'hui étreint les coeurs...