Ozon livre avec Swimming Pool un film que je dirais bien, mais… En fait, le métrage brille surtout pour ses qualités formelles. Mise en scène très appliquée avec un réel sens du cadrage, beauté léchée des images, photographie très élégante, sensation d’atmosphère du Lubéron parfaitement saisie avec quelque chose de sensitif (notamment lors des balades en extérieur), décors soignés, le tout servi par une bande son très réussie de Philippe Rombi (pour moi le meilleur aspect du film, arrivant à introduire une touche de mystère et de tension), le film n’a pas grand-chose de critiquable sur la forme. On peut d’ailleurs ajouter que le réalisateur, avec son habitude d’accorder une grande place au nu féminin, sublime le corps de Ludivine Sagnier, et, dans une moindre mesure, celui de Charlotte Rampling, les deux actrices ayant quand même un beau lot de scènes à poil ! Leur duo fonctionne plutôt bien, même si les deux actrices ont des rôles très opposés un peu caricaturaux. Néanmoins, j’ai apprécié que le film ne se repose pas uniquement sur l’antagonisme, et qu’il établisse petit à petit quelque chose entre les deux actrices qui s’avèrent franchement à la hauteur, particulièrement Charlotte Rampling, peut-être plus ambigue. Après, autour de ces actrices, on notera des seconds rôles assez typés, à l’image de Mireille Mossé qui fait une apparition déconcertante (aux portes du fantastique cronenbergien presque !), ou encore de Michel Fau.
Maintenant, il faut en venir au scénario, et là, c’est plus aléatoire. Pour ma part, l’intrigue reste malheureusement trop superficielle. Alors certes, je ne peux pas dire que je me sois particulièrement ennuyé, car les belles images et le casting assurent, mais au bout du compte, que raconte ce film ? Pas grand-chose. Ca flane, ça écrit, ça se baigne, ça baise, ça flane, ça se crêpe un peu le chignon, ça se dragouille, un peu de tension lesbienne… Et finalement, quand le gros moment arrive, on a déjà fait 1 heure du film (et même un peu plus). Gros moment qui ne débouche pas forcément sur une tension maximale, jusqu’au twist de fin qui est plus une fin ouverte qui sans doute ne convaincra pas tout le monde. De mon point de vue, j’ai apprécié l’élégance du film, mais autant dans un métrage comme The Ghost Writer, c’est mis au service d’une histoire hyper prenante avec un gros suspense, des rebondissements de ouf et un final mémorable, autant ici c’est mis au service d’une histoire assez languissante, qui tient surtout sur son érotisme latent et son ambiance « sud de la France » agréable et cosy.
En somme, et même si le film n’est pas spécialement ennuyeux, le métrage a un côté catalogue papier glacé joli mais un peu trop creux à mon goût. Les esthètes apprécieront à coup sûr, les autres trouveront l’ensemble trop maniéré pour ce qu’il raconte, et ils n’auront pas tout à fait tort, et ce, même si le casting de qualité parvient quand même un peu à donner de l’épaisseur à certaines scènes. 3