Le psychologue Chris Kelvin (George Clooney) est envoyé en mission sur Prométhée, une station orbitale à proximité de la planète Solaris. Sa mission ? Convaincre les membres de l’équipage de repartir sur Terre malgré leur résistance. Mais il va devoir faire face à d’étranges phénomènes.
A partir du roman éponyme de Stanislaw Lem, et après l’adaptation de Tarkovski (1972), Soderbergh va livrer sa version et décliner des thèmes autour de la nature humaine et du couple, mêlée d’une réflexion métaphysique et d’une mise en question de la notion de réalité. Cette dernière va être bousculée dès la première scène de thérapie de groupe du docteur Kelvin. Les patients témoignent de leur rapport à l’image comme d’un élément déterminant dans leur rapport même au réel. Certains surinvestissent les images quand d’autres au contraire les désinvestissent totalement, leur ôtent toute signification, au point de ne plus les ressentir comme réelles. Cette idée de confusion entre réel et fantasme va contaminer tout le film.
La scène séminale de thérapie va en fait structurer toute la pensée de l’œuvre. On retrouvera ce diptyque réel/fantasmé avec les membres de l’équipage, qui devront faire face aux manifestations de leur inconscient, c’est-à-dire de leurs propres images mentales. On le retrouvera également à travers les interrogations de Soderbergh sur le couple et sa difficulté à faire coïncider réalité et fantasme, à faire se rencontrer l’autre tel qu’on se le représente, tel qu’on voudrait qu’il soit et l’autre tel qu’il est. Ce thème fait écho notamment à Sexes, mensonges et vidéo ou à Mulholland Drive (2001) de David Lynch.
La musique lancinante de Cliff Martinez contribue beaucoup à donner au film sa dimension hypnotique, soulignée par une mise en scène fluide, comme en apesanteur. L’interprétation ne connaît pas de fausse note, des seconds rôles tenus par Viola Davis, Ulrich Tukur, Jeremy Davies à George Clooney et Natascha McElhone. Partisans de dialogues elliptiques, les personnages nous donnent pourtant l’impression de dire l’essentiel. Et le rythme du film nous invite en permanence à produire nos propres réponses sur ce que représente la planète Solaris.
Enfin, les accents métaphysiques du film font immanquablement penser à 2001, odyssée de l’espace de Kubrick, figure tutélaire dont les influences sont évidentes. Pourtant Solaris, qui crée sa propre dynamique et impose une vision personnelle, transcende aussi le genre. Les deux films semblent ainsi constituer les deux astres en attraction d’une galaxie à part dans le monde de la science-fiction.
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