Je l'avais commencé il y a une bonne quinzaine d'années sans aller au bout, miné aussi bien par la fatigue que l'ennui, sans jamais le reprendre. Deuxième tentative en 2020, moins raté sans être réussi pour autant. N'ayant pas vu l'adaptation d'Andreï Tarkovski (honte à moi, je sais), je me garderais de faire des comparaisons hasardeuses. N'empêche, le début se montre très intrigant, nous plongeant assez vite au cœur de l'intrigue (et de l'espace), laissant espérer un voyage singulier, marquant. Pour le singulier, on peut y trouver son compte, je serais nettement plus dubitatif sur le marquant. Il y a quand même un aspect qui plaide clairement en faveur de « Solaris » : son esthétique. Que ce soit les plans spatiaux, le vaisseau, la photographie superbement ouatée ou même la manière de filmer, notamment les acteurs : Steven Soderbergh a vraiment fait du très beau boulot, la bande-originale, aérienne, complètement adaptée au propos, faisant également bonne impression. Le problème, c'est qu'une heure et demie lorsqu'on n'a pas grand-chose à raconter, c'est quand même long. Vous aurez noté que je n'ai pas écrit « rien à dire ». Il y a quand même une réflexion sur l'existence, l'amour, la mort, la mémoire, ne pouvant laisser indifférent à travers cette histoire de clone extraterrestre. De plus, intégrer au fur et à mesure des
flashbacks (dont certains assez touchants)
pour nous éclairer sur la vie personnelle du héros est une assez belle idée, même s'ils semblent aussi là pour compenser le manque de densité du récit. Cela apparaît parfois vain, voire légèrement prétentieux, Soderbergh semblant avoir beaucoup de questions mais peu de réponses, le rythme assez lent accentuant cette impression. Donc oui, difficile d'être totalement insensible à cette passion légèrement morbide, surtout lorsqu'elle est interprétée par un George Clooney remarquable, dont on comprend totalement la fascination pour la sublime Natascha McElhone, merveilleusement mise en valeur par le réalisateur. N'empêche, celle-ci aurait dû être beaucoup plus forte, notamment par les interrogations qu'elle soulève, non sans quelques gros loupés (le personnage de Snow : je ne sais pas très bien ce qu'a essayé de faire l'ami Steven, mais ce personnage bizarre et « cool » ne s'intègre juste pas du tout à cet univers assez froid), jouant, certes, habilement de l'ellipse, sans convaincre réellement. Reste cette fin, dont j'avoue ne pas savoir quoi penser. Certes, elle est ambiguë et soulève, là encore, des réflexions intéressantes. Mais donne aussi l'impression de vouloir offrir un
« happy end » (avec vraiment pleins de guillemets)
pas forcément indispensable et surtout pas très logique. Curieuse expérience, pas inintéressante, sans être réellement concluante.