En même temps que Full Frontal, le touche-à-tout Steven Soderbergh s'attaque à une nouvelle adaptation du roman "Solaris" de Stanislas Lem qui voit un psychologue débarquer sur une station spatiale afin d'élucider ce qui s'est passé sur la base. Arrivé sur place, Chris Kelvin, notre héros, va non seulement découvrir que l'un de ses amis s'est suicidé mais aussi que les deux membres rescapés sont victimes d'un trouble du comportement important, sujets à des visions qu'il va lui-même et malgré lui avoir. Ainsi, lorsqu'il retrouve inexplicablement sa défunte femme à bord, Kelvin va essayer de comprendre les raisons de ce mystérieux retour... Pour sa première incursion dans la science-fiction, le réalisateur américain retrouve pour la troisième fois George Clooney, ici parfait en astronaute épris de doutes, rongé par le remords et incapable de discerner ce qui est réel ou pas. À ses côtés, la délicieuse Natascha McElhone, l'excellent Jeremy Davies et la convaincante Viola Davis, ces derniers incarnant les rescapés de la base stellaire tournant autour de l'étrange planète Solaris, apparemment source de leurs visions. Extrêmement lent, sans aucune séquence d'action ou de moments de frayeur, le long-métrage nous entraîne dans un mélange de présent pesant et de flashbacks explicatifs quant aux relations entre Kelvin et sa femme, approfondissant l'état de folie progressif de notre héros. Car dans Solaris, c'est une nouvelle fois la peur de l'inconnu, de l'impalpable et de l'inexplicable qui est mise en avant Restant fidèle à l’œuvre de Lem, Soderbergh réussit à nous transporter dans cette aventure spatiale suffocante et intelligente où les faux-semblants et la présence de vie extra-terrestre ne sont ici qu'un prétexte pour étayer une sublime histoire d'amour, celle d'un homme qui prend conscience de l'être qui lui est le plus cher. Planète tortionnaire vivante, Solaris pousse le vice des hommes, leur faisant revivre le plus douloureux épisode de leur triste, amenant cette personne a faire un choix : vivre avec cette déconnexion de la réalité ou stopper tout, littéralement. C'est donc sur ces thèmes quasi-poétiques que le film va jouer avec subtilité, Soderbergh proposant dès lors une magnifique histoire d'amour maquillée en un brillant film de science-fiction.