Deux hommes échappés de une prison de haute sécurité perdue au fin fond de l’Alaska se retrouvent embarqués à bord de un train fou , lancé à grande vitesse sans conducteur ... Runaway Train, sorti en 1985, se présente aux premiers abords tel un simple film d 'action ..A la base cette oeuvre devait être dirigée par l 'immense cinéaste japonais Akira Kurosawa, qui a finalement(pour des raisons financières )avorté son projet...Quelques années après, celui-ci se dessinera entre les mains de Andreï Konchalovsky, un cinéaste russe à la carrière étrange, fidèle collaborateur de Andreï Tarkovski à ses débuts et auteur de nombreux films historiques de sa terre natale, exilé un temps aux États-Unis où il s’est essayé à des genres variés avec parfois beaucoup de talent ... Eric Roberts et Jon Voight incarnent respectivement "Buck" et" Oscar 'Manny' Manheim" les deux évadés pris au piège de cette machine infernale . Jon Voight est littéralement habité par son rôle et livre une performance incroyable...(le comédien a passé du temps avec les détenus dans la prison de San Quentin.) Il apparaît ici dans un rôle également intéressant dans le sens où il doit représenter l'exact opposé du personnage de Ed Gentry que il interprète dans" Délivrance" ,il est ici réduit à l 'état de bête sauvage,sans véritable humanité ... Le personnage principal reste bien évidemment "le train fou" ..Le cinéaste parvient brillamment à filmer celui -ci en lui donnant vie et corps ,notamment lors de sa première véritable apparition, accompagnée de la bande originale signée Trevor Jones .. La machine métamorphosée suite au premier accident que elle provoque, lui donnera une apparence encore plus effrayante , comme si des tentacules s’échappaient de sa locomotive, un aspect que le réalisateur exploite également à merveille. Les paysages hivernaux sont superbes de beauté ,et le train traverse ceux -ci telle une peinture abstraite ....Runaway Train apparaît comme le film d’action par excellence, s'appropriant ses propres codes,mais au delà de cela il s’agit bien de un véritable travail d’auteur, accompagné de une méditation entre l’homme et la bête ... Cette méditation est d’ailleurs illustrée de la plus belle des manières par William Shakespeare, tirée de Richard III, qui vient clore le film " No beast so fierce but knows some touch of pity. But I know none, and therefore am no beast. "Même la bête la plus féroce connait la pitié. Mais je ne la connais point, et ne suis donc pas une bête"..La musique de la scène finale est Le Gloria (RV 589 en D majeur - Et in terra pax), composée par Antonio Vivaldi, offrant un souffle gigantesque à l 'ensemble en apportant un équilibre parfait et une harmonie captivante .Loin ,très loin du pitoyable "Unstoppable"signé Tony Scott ,Runaway Train reste une véritable oeuvre cinématographique inégalée dans ce style bien précis ..Admirable ...