Toujours très fort ce Miyazaki. Car il faut le dire, ce Nausicaa est quand même carrément vintage. Je suis un enfant des années 90, et le style des dessins animés des années 80 m'a toujours un peu irrité. Je préfère, de loin encore, le style de dessin des années 50/60, celui des années 80 est vraiment rustique et presque flippant. Peut-être une question d'education, je n'ai pas grandi dans cet univers là.
Pourtant Nausicaa reste magnifique, et si je n'accroche pas à l'aspect général des personnages, force est de dire que l'univers créé par Miyazaki se révèle hyper riche et poétique; les décors, notamment la vallée bucolique ou la sombre fôret empoisonné sont fabuleux. Quant aux vaisseaux et aux insectes, ils ont quelque chose d'angoissant, de par leur côté imposant et majestueux.
Nausicaa, c'est l'héroïne typique de Miyazaki, gentille et généreuse, naïve et courageuse, à la sensibilité unique. Elle représente un point central, comme l'oeil d'un cyclone ou le point qui sépare deux rayons d'un cercle. C'est elle qui attire notre regard, alors qu'évolue autour d'elle un monde d'une infinie complexité et surtout très ambiguë.
C'est là la force de Miyazaki, ne jamais rendre les choses trop simples, hormis l'héroïne que l'on découvre toujours facilement, mais qui permet ainsi de nous donner un idéal auquel on s'attache rapidement, pour ressentir avec une efficacité incroyable les mêmes émotions qui bouleversent cette héroïne. Car autour d'elle évolue un monde, naturel ou humain, qu'on notre conception chrétienne si simple du bien et du mal peine à comprendre. La nature souffre, mais la nature est-elle bonne? Celle-ci se révèle très incertaine, offrant à la fois l'air pure et l'eau claire tout comme le poison, rongeant les terres et usant les humains. Quant aux humains, sont-ils mauvais? Ils se font la guerre, s’entretue, et détruisent la nature : mais pourtant, ils sont animés par des convictions hautes, ils aiment la nature et croit la sauver d'elle même, ils pensent faire le bien en utilisant le mal et ne sont jamais, fondamentalement, des monstres.
3 nations s'affrontent, mais quelle nation peut-être dit bonne, ou mauvaise? Les habitants de la vallée du vent semblent les plus doux, mais leurs naïveté les conduits peut-être à leur perte. Les autres nation se font la guerre, mais une nation est motivé par la volonté de sauver la planète; l'autre semble innocente, mais ronger par la haine et l'inconnu. Il est en somme impossible d'établir la carte des axes du film, ni d'accuser quelqu'un, si bien qu'on se trouve simplement consterné par l'horrible spectacle sous nos yeux d'une humanité qui se perd elle même et qui ne trouve plus son accord avec la nature, qui se rend elle même aveuglée par la haine.
Alors pourquoi seulement 8? Probablement parce que Miyazaki n'avait peut-être pas encore une totale maturité dans la mise en scène et la consistance de point clés comme les dialogues, de même que le travail sur les personnages n'est à mon sens pas assez approfondi. Ce Nausicaa m'a presque fait penser à un "brouillon de luxe" (je dis bien de luxe, parce qu'il reste un excellent film) de Princesse Mononoké, l'oeuvre majeure du japonnais, qui est lui parfait sur tout les points. Malgré la naïveté des dialogues, de certaines scènes, et des personnages pas assez charismatiques, Nausicaa dégage un point très positif, qui s'est peut-être perdu dans les films suivant, celui d'un humour décalé, parfois très noir et mesquin, qui m'a particulièrement fait sourire. Malgré tout, Nausicaa reste excellent grâce à sa structure du récit, qui joue sur la poésie et l'incertude, surtout sur les contrastes ambigüe entre le beau et le laid, le minuscule et le gigantesque, la pureté et le poison, le bien et le mal mais tout cela avec la difficulté constante de cerner les propriétés, tout et beau et laid, petit et gigantesque, pure et poison à la fois. Les émotions produites sont uniques et sensationnelles, et si on peut regretter l'ambiance trop vintage de l'oeuvre, pour les dessins comme la musique (les synthés roland, non merci), Nausicaa est une oeuvre forte, au finale - je ne dévoile rien- magistral et messianique. Il fait partie, a mon sens, des indispensables du japonnais, aux côtés de Mononoké et Chihiro.