Après Le Silence des Agneaux et sa suite Hannibal, ne manquait à la collection que le premier roman de Thomas Harris, "Dragon Rouge", déjà adapté au cinéma par Michael Mann dans Le Sixième sens. Le dernier opus de la trilogie est donc un prequel (comme beaucoup d'autres films, mouvance oblige) réalisé par le flemmard Brett Ratner (la saga des Rush Hour) qui s'immisce donc pour la première fois dans le thriller de commande... Ne tentant rien d'osé, restant comme à son habitude dans les clous, son adaptation est extrêmement fidèle au roman, du début à la fin (celle du Sixième sens était assez différente). De plus, en tant que prequel à la saga cinématographique, nous retrouvons bien entendu Anthony Hopkins dans le rôle du Dr. Hannibal Lecter, narrant par ailleurs son arrestation, mais également Anthony Heald dans la peau du Dr Chilton et Frankie Faison dans celle du gardien Barney, déjà vus dans Le Silence des Agneaux. Seul Harvey Keitel remplace Scott Glenn pour le personnage de Jack Crowford. Nous découvrons dans cette seconde adaptation la même histoire que le film de Jonathan Demme avec cette fois-ci un inspecteur masculin, Will Graham (l'excellent Edward Norton, ici très absent), remplaçant la célèbre Clarice Sterling, alors campée par Jodie Foster. L'intrigue suit son cours avec une certaine efficacité sans toutefois transcender, le meilleur ayant déjà été fait dans la précédente adaptation. Trop propre, trop lisse, pas assez glauque ni haletant, Dragon Rouge ne convainc qu'à moitié, heureusement sauvé par un casting de poids et une fidélité au roman à toute épreuve. Quand Anthony Hopkins, à peine lifté, nous ressert la même rengaine de manipulateur sarcastique, c'est un Ralph Fiennes habité qui nous explose au visage grâce à son talent immuable. Le reste des personnages n'est hélas qu'effleuré, du pourtant intéressant Philip Seymour Hoffman ici parfait en journaliste fouille-merde vite évincé à un Edward Norton de marbre, finalement peu impliqué dans la peau de Will Graham et par conséquent peu intéressant pour un protagoniste principal. On ne s'attache donc que très peu aux héros, Ratner oubliant de leur apporter une fine identité. Reste donc du film quelques scènes efficaces, une enquête sympathique et de bons acteurs mais c'est tout. Un autre metteur en scène plus impliqué et surtout plus talentueux aurait mieux rendu hommage à cette nouvelle adaptation.