Don Siegel signe avec L’Evadé d’Alcatraz un film carré, efficace, pas forcément très imaginatif en terme de réalisation ou sur le plan scénaristique, mais qui appartient à ces films indémodables parce que simplement réussis.
Le casting est bon, avec en tête d’affiche un Clint Eastwood charismatique qui nous sert une composition pleine, se glissant avec force dans un personnage comme il les affectionne, maniant autant le point que la réplique badass et à l’honneur irréprochable. Très convaincant, il est épaulé ici par un casting d’interprètes peu connus mais à la hauteur, avec, pour exception le bien connu Patrick McGoohan. Ce dernier campe un antagoniste certes assez caricatural, mais délicieusement détestable. Je regrette un peu que le toujours convaincant Fred Ward n’apparaisse pas davantage, mais enfin, dans l’ensemble les acteurs sont au niveau, avec des personnages parfois assez attendus, mais toujours bien campés.
Le scénario suit un schéma assez classique du film de prison, avec une démonstration traditionnelle de la vie en taule, et puis le projet d’évasion qui va occuper toute la deuxième partie. Du rythme, de la tension, des scènes fortes, voilà de quoi assurer à L’Evadé d’Alcatraz un intérêt certain et un fort pouvoir divertissant. Volontiers réalistes, il se permet toutefois quelques pointes de fantaisie bienvenue. Parfois un peu caricatural ou prévisible, il n’en reste pas moins que le réalisateur maitrise son sujet, et curieusement si la deuxième partie est bonne, la première qui pose les éléments de l’intrigue est encore meilleure. En tout cas difficile de s’ennuyer devant ce spectacle qui sans prétention particulière (trouvera-t-on un message sur les conditions de vie des détenus ?) traite son sujet de façon carrée et directe.
La réalisation est très correcte. Don Siegel est un réalisateur d’expérience et il offre une mise en scène froide, brute, qui s’harmonise très bien avec le cadre du film. Glissant quelques séquences coup de poing (la hache), il convainc, et exploite bien le cadre particulier de son film. Les scènes en extérieur, dans la cour sont spécialement réussies, montrant bien le décalage existant entre cette prison et l’horizon lointain, l’océan, les bateaux, bref, le souffle de liberté qui se dégage alors. Très propre sur la forme, ça manque un peu d’audace ou de réelle originalité, mais c’est du bon cinéma, sans défaut significatif.
Je conclurai en disant que L’Evadé d’Alcatraz est un de ces bons films carrés, solidement emballés, qui s’affirme comme un divertissement de qualité. Difficile de trouver de vrais défauts, même si son principal est peut-être de ne pas se démarquer outre mesure par rapport aux codes du genre. 4