Production typique des années 70, "L’évadé d’Alcatraz" est davantage resté dans les mémoires pour l’histoire qu’il raconte que pour ses qualités intrasèques. En effet, on a droit à, à peu près, tous les poncifs des films US de l’époque, avec son héros hard-boiled, ses seconds rôles folkloriques (voire caricaturaux), son méchant très très méchant, sans oublier un rythme souvent incertain. "L’évadé d’Alcatraz" ne brille, donc, pas par sa subtilité ou son originalité mais peut compter sur le pouvoir évocateur de son récit. Car, un peu comme "Rock" des années plus tard, le film promet de réaliser un double fantasme avec, d’une part, une promenade dans la prison mythique d’Alcatraz (le tournage s’est vraiment déroulé sur place) et, d’autre part, une évasion inspirée d’une histoire vraie qui égratigne la légende selon laquelle personne ne se serait jamais échappé des lieux. Et, dans un premier temps, on se prend à espérer un grand film jouissif, ce que la première partie du film (qui marque l’arrivée du héros et pose d’intéressantes amorces scénaristiques) semble promettre. Malheureusement, dès que les aspirants évadés commencent à mettre leur plan à exécution en creusant leur trou, l’intrigue se perd en longueur. Et il faudra attendre la fin du film pour mettre un terme à cette lancinante partition, ce qui vient considérablement alourdir le récit. Sans doute aurait-il fallu davantage s’appuyer sur la musique (très peu exploitée ici) ou alors densifier certaines sous-intrigues en s’éloignant, au besoin, de la prison. A moins que ce ne soit tout simplement le scénario qui manque de substance. Le réalisateur Don Siegel a préféré livrer une copie classique… à défaut d’être excitante. On assiste, donc, aux différentes étapes de l’évasion, vaguement gonflée d’imprévus au final assez peu oppressants, ce qui n’est pas désagréable mais qui manque franchement d’énergie… qui plus est près de 40 ans plus tard, à une époque où le public a tremblé devant "Prison Break" ! "L’évadé d’Alcatraz" peut, cependant, compter sur une belle galerie de personnages, d’où ressort, sans surprise, un Patrick McGoohan merveilleusement détestable en directeur de prison intransigeant (un rôle qui aurait cependant gagné à être plus ambigu) et un Clint Eastwood charismatique en diable en taulard roublard.
Et la séquence finale (qui laisse assez peu de doute quant au sort des évadés) est une réussite
. Un film mineur, donc, dans la filmographie de l’acteur mais qui se regarde sans déplaisir.