S'attaquer, après bien d'autres, à un classique, à un monument comme "L'avare" n'est pas chose aisée; surtout si on s'appelle de Funès, pas spécialement connu pour sa rigueur dramatique, ou Jean Girault, trop connu pour ses réalisations de pochades indigestes.
Cette adaptation risquée, et probablement attendue au tournant, dans laquelle Louis de Funès compose, par ses outrances, un Harpagon peu conforme à la doxa, n'est finalement pas désagréable à suivre et, pas plus qu'une autre, ne semble trahir Molière. Les puristes pourront s'offusquer des rajouts de mise en scène à l'attention de de Funès, des grimaces de l'acteur ou de Galabru, dans le rôle de Maître Jacques, cela n'enlève rien au plaisir de voir un grand comique s'essayer à un grand texte. Car, quoiqu'en fassent Girault et de Funès, le texte de Molière demeure, et je reste, une fois de plus, confondu par la drôlerie et la modernité, l'ingéniosité et l'acuité de la pièce. Les seconds rôles sont, de surcroît, tout à fait à la hauteur et le film, qui est donc du théatre filmé avec les risques d'incohérence que ce la suppose, trouve rapidement son rythme.