Le succès retentissant et populaire de "La grande vadrouille" a fait des émules. La preuve : sept ans plus tard, sortaient sur nos écrans les aventures truculentes d’un trio évoluant au sein d’une comédie franchouillarde écrite et réalisée par l’inimitable Robert Lamoureux. Je n’avais pas fait le lien, et ça n’a peut-être rien à voir, mais 7 ans se sont écoulés entre les deux comédies. Est-ce ce qui a donné le chiffre 7 à cette fameuse compagnie ? D’ailleurs, on se demande bien nous aussi où elle est… Car finalement, ce n’est pas la compagnie que nous suivons, mais bel et bien 3 hommes qui ont été détachés pour faire le guet à l’intérieur d’un mur d’enceinte cachant une propriété on ne peut plus tranquille. Hum ! pour être tranquille, c’est tranquille ! Tout du moins, pour un certain temps… Ainsi nous avons affaire au sergent-chef Chaudard (Pierre Mondy formidable de mimiques), aux soldats Pitivier (Jean Lefebvre) et Tassin (Aldo Maccione), trois combattants à la drôle de dégaine qui hâtent le pas de concert dès qu’ils entendent des explosions derrière eux, même si elles sont relativement éloignées : un chef pas très courageux, accompagné de deux hommes qui n’ont pas inventé la poudre et qui ne pensent qu’à prendre du bon temps, tel est le trio qui nous est proposé. "Mais où est donc passée la septième compagnie ?" est devenue une comédie culte du cinéma français, avec son lot de scènes cultes aux répliques toutes aussi cultes, sur une musique également culte signée Henri Bourtayre. Pour ceux qui ont grandi avec la trilogie du regretté Robert Lamoureux, on se souvient tous de la scène du ravitaillement au cœur d’un village, mais aussi de phrases qui reviennent à plusieurs reprises comme "J’ai glissé, chef !" ou encore "Mais pas si viiiiite !" Ce trio donc étonnant, qui sera ensuite bousculé par un quatrième larron pour ainsi dire tombé du ciel, va nous faire traverser un bout de la France profonde pour notre plus grand plaisir, et le fait est qu'on ne se lasse pas de voir et de revoir leur drôle épopée, comme toute comédie culte. Et surtout, les personnages nous offrent un si bon divertissement et nous sont si sympathiques que nous nous surprenons à vouloir suivre les autres épisodes, même si Aldo Maccione sera par la suite le grand absent de leurs aventures au profit d’Henri Guybet. Tout cela dans une reconstitution honnête au niveau des costumes, même si on déplore une erreur vestimentaire au moment où le chef Chaudard se déshabille et révèle un long caleçon d’un bleu uni bien pétard, un sous-vêtement qui se retrouvera sur le plan d’après nettement délavé, ayant viré au bleu pâle rayé. Par ailleurs, on notera le peu de moyens logistiques dévoués aux engins de guerre, pour la plupart maquillés avec les moyens du bord (contreplaqué pour les blindés allemands, peinture et marquages pour cacher les avions d’entraînements américains North-American T-6 pour tenir lieu de l’avion français), et à la pyrotechnie pas très convaincante bien qu’elle prête à sourire aussi avec ces fenêtres qui refusent obstinément de rester fermées. Autrement dit, pas de besoin de disposer d’un budget conséquent pour faire un bon film, la preuve en est qu’on peut faire quelque chose de sympa avec un budget minimaliste. Et pour ceux qui ne connaissent pas encore cet incontournable de la comédie française, regardez-le sans réfléchir et sans œil moderne, au risque de trouver cette comédie vieillotte avec ses gags éculés. Gardez l’esprit léger et vous savourerez les répliques dont la vraie première banderille sortant de la bouche de Robert Lamoureux est : "mais tremblez pas comme ça ! Ca fait de la mousse !"