Trois règles :
1) Ne pas exposer le Mogwaï à la lumière
2) Ne pas le mouiller
3) Ne jamais lui donner à manger après minuit
Si Billy respecte ces trois conditions, tout se passera bien avec le Mogwaï, dénommé Gizmo, que son père lui a offert pour Noël. Malheureusement tout n'est pas si simple et une petite erreur est si vite arrivée...
Présenté par Spielberg, réalisé par Joe Dante et scénarisé par Chris Colombus, Gremlins réunit la crème du divertissement des années 1980 et le résultat final s'avère être à la hauteur des noms évoqués. Dante prend d'abord son temps pour mettre en place le contexte puis évoquer les protagonistes, à savoir la famille typique et modèle de banlieues américaines où le père est un inventeur et éternel rêveur et le fils parfait au point de travailler dans une banque pour aider ses parents. Début qu'il rend très intéressant, déjà par l'aspect de fascination que l'on peut avoir pour cette bête dont on ne sait rien, puis par le cadre du récit, très plaisant et qu'il met bien en valeur. Peu à peu, il dévoile les caractéristiques du Mogwaï et instaure un climat mystérieux qui va prendre un peu plus d'ampleur plus on avance dans cette première partie du récit.
Et c'est pour notre plus grand plaisir et bonheur que Joe Dante se lâche complètement dans la seconde ! Après avoir présenté le Mogwaï comme une petite bête aussi mignonne qu'attachante, il met en place les Mogwaï destructeurs, moches et cool et le film prend une tournure de plus en plus marrante que jouissive. Dante n'hésite pas à faire dans la surenchère et c'est tant mieux, il le fait très bien et démontre un vrai savoir-faire totalement fun à l'image des séquences de la découverte des "mauvais" Mogwaï par la mère ou encore la destruction par bulldozer.
Malgré un certain manichéisme voulu dans la caractérisation des personnages, Dante ne tombe pas dans la lourdeur et exploite bien les excellentes idées qui lui viennent à l'esprit. De manière déjantée, il s'attaque aussi au fameux modèle américain où tout le monde en prend pour son grade et clôt son film avec un message visant la nature humaine qui, selon lui et comme le montre les erreurs passées, n'est pas prête pour le Mogwaï. Dante truffe son film de diverses références cinéma plus ou moins subtilement allant de E.T. à l'invasion des Profanateurs de Sépulture en passant par Blanche-Neige ou Planète Interdite, et c'est avec brio qu'il le fait.
Il met bien en scène la petite banlieue américaine, parfait et ironique tableau de 'l'American way of life", avec ses commérages et ses personnages parfois hauts en couleur qu'il rend ici attachants et que l'on prend plaisir à suivre notamment Billy, son amie et son père. L'aspect visuel est aussi l'une des grandes réussites du film, que ce soit dans le cadre du récit mais surtout dans les Mogwaï et leurs mouvements, que ce soit sous leur forme gentille ou méchante. Les acteurs se fondent dans leur personnage et participent eux aussi à la réussite du film, que ce soit en donnant une touche d'humour ou d'émotion.
C'est pour notre plus grand plaisir que Joe Dante met à sac une petite banlieue américaine pour un résultat aussi drôle que jouissif, par moment attachant et en plus, non dénué de sens !