J'avais adoré « Espion(s) » du même Nicolas Saada, ce qui est loin d'être le cas de tout le monde au point de me demander si un second visionnage ne ferait pas revoir mon jugement à la baisse. En attendant, j'ai vu « Taj Mahal » et j'avoue être un peu déconcerté. Car au fond, je n'ai pas grand-chose à reprocher au film. Si, on peut quand même trouver cette mise en place et familiarisation de nos héros avec un nouveau pays (l'Inde) franchement longuette, malgré un indéniable soin apporté à l'image. Pour le reste, c'est cohérent, que ce soit dans les choix de mise en scène, l'approche du drame, l'évolution des comportements... De plus, cette volonté de filmer l'horreur toujours hors-champ pour se concentrer sur le sentiment d'enfermement, d'étouffement de Stacy Martin face à une situation qu'elle subit presque totalement est une démarche intéressante, originale. Maintenant, c'est un peu le problème avec ce genre de sujet : autant cela a l'air captivant sur le papier, autant à l'écran ça l'est (nettement) moins. C'est qu'il faut quand même tenir près d'une heure sur une même situation évoluant peu ou pas, et sans être antipathiques (au contraire même), je ne me suis pris de passion pour aucun des trois personnages, la jolie Stacy manquant un peu d'incarnation pour nous toucher autant qu'elle aurait dû. Reste une belle musique, souvent bien exploitée (Saada n'est pas spécialiste du sujet pour rien), cette volonté de parler différemment de l'horreur du terrorisme, sous un angle plus introspectif, est à saluer, comme la belle tenue formelle de l'ensemble. Dommage qu'elle y gagne en talent pur ce qu'elle y perd en intensité, en puissance émotionnelle. Un peu trop haut, ce « Taj Mahal » ?