Film excellent. La précision de la mise en scène, l'économie de mots, l'épure de situations et la sobriété du jeu d'acteur nous maintiennent sans relâche tout entier devant le sujet du film : le point de vue des victimes, véhiculé par le personnage de Louise.
Son point de vue avant le drame : l'attente, la solitude et l'ennui dans cette ville immense, Mumbaï, où chaque échange peut être vécu comme une agression, dans cet hôtel froid où rien n'est fait d'autre pour elle que sa chambre, sont parfaitement portés par l'épure de la mise en scène, l'étagement des valeurs de plan et la maîtrise du montage.
Puis le son entre en scène et c'est la prise d'otages. Les mitraillettes, les cris, les silences et la musique s'allient à la mise en scène pour nous plonger toujours plus profondément dans la peur, jusqu'à la résignation de la mort ; puis la résurrection, le retour à l'humanité génialement retranscrit dans un mensonge à la fenêtre d'une compagne d'infortune. On entend surtout, derrière cette succession des états du personnage, les mots de la vraie victime.
Enfin, l'après, le retour de la solitude, Paris elle-même immense et froide dans laquelle le personnage peine à trouver sa place, et la venue de l'incommunicabilité, même entre victimes car chacun tente de se soigner à sa façon.
Ce film est dédié aux victimes ; les victimes directes, leurs proches, jusqu’au pays tout entier. Il leur rend hommage simplement parce que, d'abord, il les écoute avant de retranscrire leur point de vue, et non celui des auteurs. Et on comprend en un plan, quoi qu'elle prétende, en quoi la télé nous montre l'exact opposé de ce point de vue.