J’avais adoré le film précédent de Nicolas Saada, « Espion(s) », avec Géraldine Pailhas et Guillaume Canet. Un film passionnant, feutré, subtil et extrêmement bien écrit, des qualités que j’espérais retrouver dans ce nouvel opus, au pitch glaçant, compte tenu de l’actualité récente : Louise a 18 ans et suit ses parents à Bombay où son père vient d’être muté. En attendant d’emménager dans leur nouvelle maison, ils sont logés quelques jours dans une suite d’un palace de la ville, le Taj Mahal. Un soir, la jeune femme décide de rester dans sa chambre pendant que ses parents vont dîner dehors. Nous sommes le 26 novembre 2008 et une dizaine de terroristes lourdement armés va faire irruption dans l’hôtel. Louise, seule et recluse, reliée à ses parents par un téléphone portable, va tenter de rester en vie. C’est pas que je me sois ennuyée, avec un sujet pareil, difficile de s’endormir, mais j’ai cherché tout le film en quoi cette histoire devait m’intéresser. Comme le revendique Saada, TAJ MAHAL est un « film catastrophe intimiste ». En effet, tout se passe (ou presque) dans la chambre. On ne voit jamais les terroristes, on ne sait rien de leur mode opératoire ni de leurs motivations. Au bout du 15e échange téléphonique entre la fille et son père (« Surtout, ne bouge pas », « N’aie pas peur », « Papa, qu’est-ce que je dois faire ? », « Cache-toi dans la salle de bain », « Je suis dans le placard », « J’ai bientôt plus de batterie », etc. etc.), je me suis mise à penser à toutes les victimes du Bataclan, où l’atmosphère devait être sacrément plus terrifiante et angoissante que ce qui est montré ici. L’actrice (Stacy Martin, révélée dans « Nymphomaniac » de Lars von Trier) est on ne peut plus inexpressive et son personnage aussi stressé que si elle avait oublié le pain, alors que c'est sa vie qui est en jeu ici. Raconter une histoire aussi tragique sur un mode aussi mineur est un parti pris qui a le mérite d’être original, mais il aurait fallu quand-même plus d’adrénaline pour y croire. Jamais je n’ai eu peur, jamais je n’ai tremblé, ni ressenti de tension ou d’empathie. Pour rappel, 195 personnes ont péri dans cette série d’attentats islamistes. Ça aurait été élégant de le rappeler au générique.