Avec Mercato, Tristan Séguéla s’empare d’un sujet rarement exploré au cinéma : l’envers du décor du football professionnel, où l’argent et la pression dictent le tempo des carrières. Le film suit Driss, agent sportif interprété par Jamel Debbouze, dans une course effrénée contre le temps alors qu’il tente de sauver sa place dans un marché où la moindre erreur peut être fatale.
Jamel Debbouze incarne avec justesse un personnage en perpétuel mouvement, oscillant entre ruse, désespoir et éclats de génie. Il porte le film sur ses épaules avec succès, injectant une énergie nerveuse qui épouse parfaitement le climat d’urgence du récit. Son jeu, souvent associé à la comédie, trouve ici un équilibre subtil entre humour et tension dramatique, donnant à son personnage une densité inattendue.
La mise en scène de Tristan Séguéla épouse la frénésie du monde du football business. Le film adopte un rythme semblable à celui d’un match de football, des temps forts, des occasions ratées, des retournements de situation et un suspense croissant.. La caméra insidieuse et les dialogues nerveux renforcent ce sentiment d’urgence permanente, maintenant le spectateur sous tension jusqu’au « but final ». La musique, rythmée et immersive, accompagne parfaitement cette dynamique en insufflant une tension supplémentaire aux moments clés.
Au-delà du suspense et de la performance de son acteur principal, Mercato propose une réflexion sur la marchandisation du sport. Le film interroge la place des agents dans un système où l’humain semble s’effacer derrière la logique financière. Sans jamais sombrer dans le didactisme, il met en lumière les dilemmes moraux d’un métier où la loyauté est une notion élastique.
Si Mercato fait parler de lui, c’est aussi en raison des polémiques qui entourent Jamel Debbouze. Certains appellent au boycott du film, critiquant son absence de prise de position sur des sujets d’actualité brûlants. Ces tensions extracinématographiques ne doivent toutefois pas occulter les qualités intrinsèques du long-métrage, qui parvient à mêler spectacle et réflexion avec habileté.
Entre tension narrative et performance habitée de Jamel Debbouze, Mercato réussit à capturer l’effervescence du marché des transferts et à interroger les dérives d’un football toujours plus financiarisé. Si le film ne révolutionne pas le genre, il s’impose néanmoins comme une œuvre efficace et prenante, qui séduira autant les passionnés de ballon rond que les amateurs de récits haletants.