Bonjour tout le monde,
Paola Cortellesi signe un film original, fort et percutant sur la condition des femmes, ici Délia que cette réalisatrice joue avec subtilité et âpreté, dans l' Italie de 1946!
L' action se déroule dans un quartier de Rome et les femmes vont pouvoir enfin voter après plus de vingt ans de fascisme mussolinien et une seconde guerre mondiale évidemment.
Par touches aigües et lucides, Paola Cortellesi nous brosse la vie de Délia , potiche, boniche," serpillière" humiliée par un mari macho et violent.
Paola Cortellesi étudie et montre le quotidien de la vie en cette période épique et où gronde , tranquillement, la volonté des jeunes femmes de vivre autrement que leurs mères.
La misère est montrée par des lents travellings ou plans séquences en alternance avec les plans plus resserrés qui nous distillent la vie quotidienne de Délia,de son mari et du grand père et des trois enfants dont Marcella qui se fiance avec un jeune homme issu d' une famille financièrement aisée.
Paola Cortellesi nous donne à voir et à méditer une scène terriblement gratinée lors du repas officiel des fiançailles de Marcella dans le modeste appartement au raz du sol de la place de ce quartier romain.
Le film adopte un noir et blanc qui nous immerge vraiment en 1946.
Il convient d ' attirer le regard du spectateur sur :
- une magistrale scène de " danse violente " entre le mari pervers et violent et Délia,
- plusieurs scènes , illustrées par des chansons populaires de l ' époque, qui favorisent un" climat " sonore et visuel surprenant mais réussi,
- une lettre énigmatique de Nino probablement qui , voici vingt ans, aurait pu vivre avec Délia et cela aurait changé bien des choses .....peut - être ........
- une sublime scène où Délia et Nino se " tiennent " par les yeux librement en deux mouvements à 360 degrés autour de ces deux protagonistes et ici on pense au texte chanté de Jacques Brel qui se nomme " Orly",
- plusieurs scènes illustrées de voix et de musique qui sont des odes et des quêtes pour libérer la gente féminine du joug patriarcal..........
-le moment magnifique du bureau de vote où les femmes peuvent enfin voter en Italie en 1946.
Paola Cortellesi propose un film grave et un hymne à la liberté avec le ton de la comédie pour mieux montrer et démonter le patriarcat comme seule proposition de vie quotidienne et cela est un maître atout pour cette œuvre cinématographique qui nourrit la juste cause des femmes de manière simple et authentique.
Vive le mouvement #Metoo qui est nécessaire , mais pas suffisant, pour que les femmes prennent autant de place que les hommes..........
Ce film nourrit une telle quête avec sobriété, authenticité et légèreté philosophique au quotidien.
Il est tout à fait positif que ce film ait rencontré un public très important en Italie et cela devrait se confirmer dans d' autres pays .
A méditer au quotidien, ici et maintenant, comme jadis et ailleurs et partout autour de la planète.
Ni patriarcat !
Ni matriarcat !
Inventons une nouvelle manière de vie au quotidien entre les femmes et les hommes..........Voilà le sous - titre que je donne à ce film événement qui pour moi est un chef d'œuvre cinématographique sans frime, ni maquillage philosophique mais un film original dans la forme et perspicace sur le fond.
Merci Paola Cortellesi !
Et vous, qu' en pensez-vous?
Amicalement.
Gérard Michel