On a la nausée en sortant de ce film (il est plein de scènes horribles, horreurs en action ou résultats d'horreurs à imaginer). Mais on n'a pas eu peur. Du moins en apparence... Il y a pourtant de quoi avoir peur : dans ce film, celle des personnages est créée par la propagation incontrôlée (insoupçonnée même) d'un mal, un mal précis, celui d'origine diabolique, donc du Mal en personne (bien que non personnifié puisqu'il vaque et se multiplie comme un virus).
Mais les temps ont changé. On se souvient mal de la peur créée par l'Exorciste, même en revoyant le film... Dailleurs, voyez la bande-annonce qu'on en fait aujourd'hui (elle n'a rien à voir avec celle de 1973). Les temps changent-ils les ressorts de nos sensations ? Aujourd'hui, la peur est moins basée sur l'image que sur le psychologique (cf. le succès de Get Out en 2017). Sans doute parce qu'on a vu trop d'images, mais aussi parce que les raisons de la peur ont changé (aujourd'hui, c'est le racisme, l'ignorance, l'infini, l'IA, la manipulation, etc).
Ici, la raison de la peur est le diable, trop vieille recette. Cependant, ça n'en fait pas un film raté, bien au contraire, même si l'on n'a pas si peur (on a peur après coup plutôt, après réflexion).
C'est le terreau culturel où l'histoire est installée qui fait peur : une pampa reculée de l'Argentine profonde, plutôt pauvre, hyper religieuse, mélange de catholicisme, de rites indigènes et de croyances africaines. Terreau propice... Le film rappelle des "règles à respecter" pour éviter le pire, règles ancrées dans l'imaginaire, ou (plus intéressantes) règles bien ancrées dans le réel et le vrai, comme par exemple savoir que "le diable aime les enfants et que les enfants aiment le diable" (cf l'actualité), ou que le diable cherche et trouve ceux qui ont peur...
Sur ce dernier point, la musique du générique de fin est du groupe Pasco 637 (genre Metal) dont les paroles résument bien le film, la violence et la bêtise de la rue : "el tonto vive de su engaño, sin deseos de escapar, quemando el sueño de los inocentes, etc -cf. #cuandoacechalamaldad
A.G.