Andrea Arnold est une réalisatrice avec qui il faut compter. Bird est un film incroyable, il arrive à la fois à s'inscrire dans une réalité sociale dure, tangible, avec limite un côté naturaliste et à verser dans le fantastique en même temps, par petites touches inattendues. Le mélange n'avait aucune chance de fonctionner et pourtant ça marche tellement bien. La mise en scène nerveuse et le montage font tout... insérer des flash comme ça dans le quotidien, des souvenirs, des idées, des impressions... Malgré le côté nerveux on a l'impression de planer, d'enchainer grande violence et poésie... Bird est un film sensoriel, qui fait ressentir ce qu'il a à dire par l'image, par le montage...
On suit l'histoire d'une gamine qui vit une vie franchement pas terrible dans une banlieue anglaise avec son père qui veut se marier avec une femme qu'il vient de rencontrer.
La caméra tremble tout le temps, il y a un aspect pris sur le vif qui permet immédiatement de croire aux situations et en même temps on a donc ce personnage de Bird, qui est là, qui parle bizarrement, qui se comporte bizarrement, dont on n'a aucune idée de comment il peut vivre, d'où il vient, de ce qu'il fait réellement là, mais qui est là. Ce mec pour le moins louche devient petit à petit une présence rassurante... Encore une fois tout est dit par l'image... On ne saura rien sur ce gars, comment il est devenu ce qu'il est devenu, on n'a aucune explication et on n'en a pas besoin...
C'est ça qui est fabuleux dans le film c'est cette alternance entre violence et profonde tendresse entrecoupée de moments qui semblent hors du temps et hors de la raison... une sorte de fantasme... de rêve...
En fait ce qu'il faut retenir c'est que ce drame social aurait pu être lourdingue, il aurait pu se vautrer totalement, mais il bénéficie d'une telle énergie vitale, d'un tel rythme, de tellement d'idées de cinéma (encore une fois le montage insérant des flash des préoccupations, des visions de la gamine, ça fonctionne tellement bien) qu'il évite tous les écueils du genre. Il survole. Nous avons certains de plus beaux moments de tendresse qui soient : le père avec sa fille et son fils à la fin, Bird et la gamine à la maison de sa mère à la fin. Cette tendresse permet de supporter la violence des conditions de vie de cette fille, ça rend sa vie supportable.
En tous cas grand film et j'ai hâte de compléter la filmographie d'Andrea Arnold.