Entre violence brute et poésie, nous retrouvons dans ce dernier film en date d'Andrea Arnold une pré-adolescente vivant les quartiers pauvres du Kent qui tente de s'émanciper grâce à un homme marginal qu'elle vient tout juste de rencontrer. Elle essaye de s'émanciper de son quotidien mais également de ses parents, ne vivant plus ensemble, composé d'un père autant irresponsable qu'aimant et d'une mère très distante. Le tout dans un environnement urbain très marqué, filmé en caméra à l'épaule. Oui, là on retrouve typiquement le cinéma d'Andrea Arnold avec ses thèmes phares, c'est-à-dire l'adolescence et plus précisément ici le coming-of-age et l'évolution dans une ville, pauvre de préférence. Bien-sûr, nous avons également notre lot de personnages atypiques et en particulier ici Bird, l'ami de l'héroïne, carrément hors normes. Effectivement, c'est un personnage qui parvient à être encore plus hors normes que les autres, déjà considérés comme des marginaux, voire même des rebus de la société. Bird, comme son nom l'indique, représente l'envol, la liberté pour l'héroïne qui rêve de quitter cet environnement urbain ; environnement que l'on retrouve jusque sur la mer avec ces éoliennes qui bordent l'horizon. En dehors de ces envies, l'héroïne va également grandir, évoluer, passer d'une adolescente perturbante et perturbée à une jeune femme plus en empathie mais également plus sûre d'elle. Elle va effectivement apprendre à vivre avec ce bordel ambiant, instauré par le contexte (appartement en désordre, fêtes constantes etc.) mais également par la mise en scène et le montage. Une mise en scène qui insiste donc sur la caméra à l'épaule, rendant le film encore plus accessible, proche d'un documentaire, mais également grâce à un montage qui en fait certes quelques fois des caisses notamment avec ses flashbacks, mais néanmoins très efficace. La musique joue également un grand rôle dans le film, créant également ce sentiment de désordre, se mélangeant aux bruits du quotidien et notamment, encore une fois, ceux de la ville. Et puis, c'est ainsi que le film nous offre un léger clin d'œil à "Saltburn". Sorte de synthèse entre "Red Road" pour l'aspect urbain très marqué, "Fish Tank" pour l'aspect teen movie et "American Honey" pour la recherche de liberté, "Bird" semble fonctionner comme une synthèse des précédents films de la réalisatrice.