Garfield hates mondays : c'est comme ça qu'on aurait pu intituler ce film (Garfield déteste les lundis). Le titre qu'on lui a trouvé en français semble un peu nul. Mais finalement, non.
Ce film est une fable philosophique. Comme toutes les fables, elle n'est pas destinée à ceux qui ont compris la morale de la fable. Ou alors ils risquent de s'ennuyer (s'ennuieront aussi ceux qui n'aiment pas la fiction, ni réfléchir au ciné). Quant au philosophique, ce n'est pas un vain mot. On est devant une réflexion difficile, utile, moderne, que peu d'entre nous mènent à son terme (question de constitution, d'éducation, de liberté de penser surtout).
Les animaux de la fable, c'est nous. Ce sont des animaux domestiques. Leur ferme, c'est une entreprise japonaise de communication qui fait du marketing pour d'autres entreprises. Japon, marketing, entreprises, ça sent forcément le capitalisme, ses capitaines et ses soldats. Mais ce film n'est pas une critique du Japon, de l'entreprise ou même du capitalisme. La fable concerne n'importe quel système d'oppression par le travail. Et n'importe quel opprimé.
On a d'abord la nausée avec ces pastilles de soupe dont l'équipe cherche la pub. On croit longtemps qu'on va faire l'éloge de l'efficacité, de la créativité. Mais on s'orientera sur autre chose, qui conduit à faire un autre éloge (et finalement à l'émotion). On fouille, on trouve, on se trompe. On s'interroge sur les choses inachevées, sur les regrets, sur les rêves, sur la confiance en soi, sur les autres. Sur oser, finalement. -Par exemple, si l'on se sent l'âme d'un auteur de mangas, il faut oser le devenir. Sinon les regrets vous boufferont un jour, en regardant ses petits-enfants jouer avec leurs cerfs-volants. Sinon chaque jour devient comme un lundi ?
A.G.