6 mois après la sortie de son dernier film, Yorgos Lanthimos revient avec "Kinds of Kindsness". Prenant la forme d'un long-métrage de 3 heures, le projet est finalement un assemblage de 3 moyens-métrages d'environ 50 minutes. Une approche assez particulière sur le papier, mais qui a pourtant un sens. En effet, les 3 différents moyens-métrages ont le même thème, et chaque acteur joue un rôle différent dans chacun d'eux. Tous sont articulés autour de la thématique de l'emprise, de l'enfermement au sein d'une relation toxique. La première histoire s'intéresse au monde du travail, la deuxième a une relation de couple et la dernière va jusqu'à nous illustrer un récit au sein d'une secte. Et globalement, je trouve que cette approche est vraiment intéressante, sachant que la manière d'aborder cela sera plutôt réfléchie. Malheureusement, avant de rentrer en profondeur dans chacune des parties, je dois dire que l'ensemble est quand même assez inégal, ce qui est toujours un risque pour ce genre de formats. On ressent clairement que certaines histoires sont meilleures que d'autres, donc même si l'idée et l'ensemble sont appréciables, tout n'est pas réussi. Et pour le coup, il ne faut également pas oublier que le film fait 3 heures, on peut donc rapidement décrocher. Surtout que pour moi, la moins bonne des trois histoires est celle du centre, c'est donc assez traître. Je comprends l'idée de celle-ci, de voir jusqu'où nous pouvons aller pour faire à la personne que l'on aime. Mais personnellement, je trouve que cette partie ne va pas assez loin, on n'a pas assez d'illustrations pour cela, et c'est donc assez long de regarder ces 50 minutes. Les 10 dernières se lâchent un peu à ce niveau, mais ce réveil arrive quand même un peu tard. Cependant, j'ai beaucoup aimé les deux autres, ce qui contrebalance vraiment. La première est assez angoissante, car même si le rythme s'avère lent, on comprend tout de suite l'ambiance qui veut être instaurée. On ressent un profond malaise, qui se ressent par le manque d'identité de ce personnage dont la vie est entièrement contrôlée par son patron. Et pour la dernière, je l'ai finalement trouvée bien plus rythmée que les deux autres. Même si le propos est plus brutal, je trouve que c'est la plus agréable à suivre. Et par ailleurs, elle bénéficie aussi d'un humour noir assez bien pensé, qui est parfois cruel, mais qui fonctionne. Malgré tout, que ce soit pour les bonnes ou les moins bonnes histoires, toutes démontrent les mêmes qualités dans leur envie. Cela se voit au niveau du casting, car chaque acteur est excellent, que ce soit Emma Stone, Jesse Plemons, Margaret Qualley ou Willem Dafoe. Mais également dans le ton, car toutes les histoires vont au bout des choses. Cela peut vraiment être déroutant par moments, mais les situations sont poussées à l'extrême, ce qui leur donne quand même un aspect assez fascinant. Dans l'ensemble, je retiendrai donc que ce film est très inégal, avec un gros creux au milieu. Mais globalement, je vous recommande quand même cette expérience, ne serait-ce que par son envie d'y aller à fond. Pour conclure, un moment assez intéressant.