Dans le rayon des classiques, des films cultes pour une poignée d’aficionados, il y a RoboCop, œuvre avant-gardiste de Paul Verhoeven, réalisateur de notamment Total Recall, dans les années 80. Bien que le film ait inspiré deux suites, franchement au-dessous, ainsi que des épisodes pour la télévision, la vision du réalisateur néerlandais reste la seule et unique image d’intérêt d’un personnage de fiction qui aura fait son bout de chemin depuis. L’on parle maintenant d’un remake qui n’attise pas franchement la curiosité, bonne occasion de se replonger sur l’œuvre initiale, visionnaire pour certain, indémodable pour d’autres. Oui, Verhoeven aura laissé son empreinte sur l’univers de la SF pour ensuite élargir son horizon.
RoboCop, donc, est l’incarnation du super flic dans un Détroit futuriste et mal famé, gouverné par un cartel industriel et financier, auxquelles sont à la solde des criminels d’une rare brutalité. La police étant incapable de faire régner l’ordre à l’approche d’un nouvel avènement pour la ville, le cartel impose son policier de demain, profitant de la dépouille de l’agent Murphy, littéralement massacré par une bande de psychopathes. La forme est donc satisfaisante, ingénue, les enjeux étant clairement explicites et légitimés par une poignée de personnages de tous horizons. Incapacité judiciaire à la protection du citoyen, supervision des domaines d’intérêt publics par des actionnaire d’entreprises privées, construction d’un lendemain meilleur sur les ruines encore habitées d’un monde passé, Verhoeven développe un film traitant de ces sujets, dans l’air du temps, encore aujourd’hui, profitant du même coup pour créer son ‘’Terminator’’ à lui, même si rien ne permet la comparaison, d’abord d’un point de vue qualitatif.
RoboCop c’est aussi, curieusement, un film d’une violence singulière. Oui, cette dernière caractérise le film, ce qui en soit, pour moi, constitue sa réelle force. Eloignant l’histoire du robot policier amical et bienveillant d’un film qui aurait, sans se faire prier, couru au désastre, cette violence constitue à elle seule la maturité du film, jalonnant les évènements et imposant des méchants plus cruels et sauvages que nature. La Police fait office de cible pour le tir au pigeon, la corruption règne sur tout le système, cela peut légitimer la venue du robot sans que celui-ci passe pour un gadget de Blockbuster adapté à tous les âges.
Bref, un film d’antan qu’il est bon de redécouvrir même si son côté culte appartient aussi au passé, celui-ci n’ayant jamais pu rester dans les esprits aussi longtemps que certaines grosses productions SF de notamment James Cameron ou encore Ridley Scott. Paul Verhoeven démontre tout de même un savoir-faire inestimable pour son époque, malgré quelques effets spéciaux complètement bâclés, je pense à l’autre robot. Un film à redécouvrir au moins pour sa violence physique originale et son esprit avant-gardiste. 12/20