Les deux personnages principaux de Sick of Myself, Signe et Thomas, forment un couple atrocement antipathique, elle surtout, d'ailleurs, des Narcisses modernes qui sont prêts à tout pour attirer le regard des autres, quel que soit le type de "performance" qu'ils décident de réaliser. Dans cette satire du culte de la personnalité, au style proche d'un Ruben Östlund, le norvégien Kristoffer Borgli pousse le curseur à son extrême, humiliant au passage ses deux protagonistes, humour noir ou pas. Autant dire qu'à l'instar de Sans filtre, Sick of Myself sera considéré par certains comme lourd et exhibitionniste, voire écœurant. Le défi de rendre Signe humaine est cependant relevé haut la main dans le sens où, malgré un comportement monstrueux, elle ressemble à une extension malsaine de chacun d'entre nous, par son obsession, certes maladive, à vouloir exister et à capter l'attention (voir les réseaux sociaux qui en sont une preuve absolue). Le film s'en prend à peu près à tout ce qui bouge : le couple, la famille, l'art, la publicité, les médias, etc, dans une société où la laideur peut devenir une forme perverse et condescendante de beauté à vendre,en suscitant un émoi suspect et voyeur. Virtuose sur le plan de la mise en scène, Sick of Myself joue également avec une certaine dextérité sur la réalité et les fantasmes. Au centre de l'attention, la comédienne Kristine Kujath Thorp, déjà excellente dans Ninjababy, livre une prestation XXL. Mais il ne faudrait quand même pas qu'elle devienne une spécialiste des rôles hors normes, de par leur aspect excentrique et excessif.