Dans les années 90, Claude Berri s'était spécialisé dans la production de films historiques (Lucie Aubrac, La Reine Margot de Patrice Chéreau) ou adaptés d’œuvres littéraires (L'Amant de Jean-Jacques Annaud). Pour Germinal de Zola, il bénéficie d'une distribution de choix : Renaud, Depardieu, Carmet, Miou-Miou pour retranscrire le quotidien harassant des mineurs dans le nord. D'ailleurs, la reconstitution des mines a bénéficié d'un soin tout particulier. On se croirait faire partie de ces "gueules noires" qui triment toute la journée pour gagner juste de quoi subsister. Car le cœur de Germinal, ce sont les inégalités sociales et ce sont des thématiques qui n'ont pas vieilli aujourd'hui à travers les tirades de Lantier. D'un côté, on a une bourgeoisie qui se gave de plats raffinés, qui parade, déconnectée de la réalité des travailleurs. Et de l'autre, des ouvriers asphyxiés par des salaires trop bas, de plus en plus bas, ne leur permettant pas de manger à leur faim. Nuançons, et c'est dit dans le film : les usines ferment, la concurrence à l'international fait rage. Le charbon, de moins en moins rentable, subit cette situation économique de plein fouet. Berri aura réussi à décrire une situation injuste, de plus en plus dure, mais c'est la lutte du pot de fer contre le pot de terre. Ce qui est réconfortant, ça reste la solidarité entre les mineurs. Le dimanche, on les voit se distraire en allant à la fête du village : manger des frites et des saucisses, boire un coup, danser. Des joies simples qu'avec la technologie moderne on a peut-être perdu aujourd'hui.