Je rentre de suite dans le lard : je partage l’avis de Renaud sur son interprétation : pas terrible ! Je ne dirais pas mauvais ; mais franchement, par moments, ça me faisait mal aux oreilles ! J’adore Renaud chanteur, et, déjà, je m’amusais du ton qu’il empruntait quand il jouait avec son public. Renaud ne me semblait pas indiquer à faire l’acteur comme un Eddy Mitchell par exemple, bien qu’il y ait à redire ou un Patrick Bruel. Il en aurait bavé sous la direction de Claude Berri ; possible et cela laisse présager que le metteur en scène a limité les dégâts ! J’avais vu le film à sa sortie et ne me souvenais pas de son interprétation. J’étais jeune et insouciant et admiratif du chanteur, bien plus que pour Patrick Bruel ! Renaud aurait préféré interpréter Souvarine, rôle tenu par Laurent Terzieff ; je partage son avis. Le rôle lui seyait mieux qu’Etienne Lantier. Ce qui ne signifie pas que Renaud aurait mieux fait que Laurent Terzieff, grand acteur qui a amplement assuré Souvarine. Puis Renaud en Souvarine, c’était faire du Renaud quelque part, alors quel intérêt ? Enfin, Renaud aurait eu des scrupules à jouer un mineur rebelle alors qu’il était (pourquoi était ?) « riche dans la vraie vie et qu’il côtoyait pendant le tournage des figurants à la situation précaire ». Il n’y a pas lieu de culpabiliser Monsieur Renaud ; quand vous chantiez, vous vous adressiez à un public, qui comme moi galérait, adhérait à votre colère et pourtant le concert fini, nous rentrions avec nos poches vides alors que les vôtres étaient pleines. Et pourtant, vos chansons nous faisaient un bien fou car nous nous reconnaissions dans vos paroles. Renaud s’embourgeoisait plus que son public. Qu’il chante ou qu’il joue, c’est quand même la même chose. Et même si Renaud n'est pas terrible dans « Germinal » on croit en son personnage. On croit en Renaud car il a toujours représenté les invisibles. Comme quoi cela en dit long sur sa vision de l’acteur. Il n’a pas à avoir d’état d’âme, un acteur doit jouer l’opposé de sa personnalité, autrement quel intérêt ? Voilà pour Renaud l’acteur. Evidemment, il ne s'agit pas de comparer « Germinal » à nos ouvriers d’aujourd’hui, il reste qu’en ces temps sociaux où la France d’en-bas défile quotidiennement, on s’aperçoit que l’Histoire continue. Il n’est pas question de partager le gâteau avec les patrons à part égale, il est question encore, et depuis des lustres, de considération et de redistribution des richesses. « Germinal » ne se place pas seulement à hauteur de la misère des mineurs, misère inadmissible et qui vous prend à la gorge et qui vous donne envie de tout détruire comme le préconise Souvarine, « Germinal » évoque aussi les difficultés des patrons, difficultés qu’il faut prendre en compte. Un film assez objectif dans l’ensemble. « Germinal » ce sont trois Révolutions derrière : 1789, 1848 et 1871 ; quid de la condition humaine après trois révolutions ?! A quoi ont-elles servi puisque Zola dénonce la condition ouvrière faite d’hommes, de femmes et d’enfants méprisés par le grand patronat ! Même si aujourd'hui, il y a encore matière à se révolter, on n’est plus sous Zola celle de « La bête humaine » ; les conducteurs de la SNCF devraient méditer sur le prolongement de l’âge du départ à la retraite. Gérard Depardieu, Miou-Miou, Jean-Roger Milo, Laurent Terzieff, Annie Duperey, Judith Henry composent une distribution solide. A (re)voir ; malheureusement le conflit ouvriers/patrons reste intemporel et répétitif. N’est-ce pas Monsieur Renaud ?