Présenté à cannes en section parallèle, ou il a été distingué la réalisatrice a donné une interview de présentation de "rodeo" désastreuse en terme d'image et au combien polémique.
On relèvera en.passant que si elle estima avoir été piégée, on attend encore un éclairage de ses propos Cannois.
Soulignons toutefois qu'au moment du générique de fin, Lola Quivoron le dédie aux "pirates du bitume" et pour être complet à..sa grand-mère.
Bref, il y a de quoi se demander si les propos cannois de la réalisatrice ne sont pas simplement l'expression de ce qu'elle pense vraiment.
Le plus étonnant, c'est que lorsqu'on visionne
" rodeo" on est assez surpris de voir que ce n'est pas un film "sur" les rodéos urbains (peu de scènes en montrent) et pas une apologie ( aucun des personnages n'est vraiment sympathique - même pas l'héroïne).
Certes, à moins de considérer que juste parler de soi fait office d'apologie !
Il s'agit simplement du parcours tragique et désespéré d'une jeune fille de " cité ", délinquante en rupture familiale, à la recherche d'affection ( on le comprendra plus tard).
Elle aime la moto et vole des particuliers honnêtes ,.un peu trop naïfs, qui vendent leur bolide sur internet et se laissent berner par son minois .
Elle fait la rencontre d'un groupe de jeunes délinquants, receleurs des motos volées. De temps à autres, ils s'adonnent à des rodéos sur des bretelles d'autoroutes désaffectées.
On trouve déjà ce genre de scènes dans " la fureur de vivre" de Nicolas Ray, cette fois avec des voitures ou le but du jeu était d'en sauter le plus près possible du précipice.
Le scénario et les dialogues sont trop minimalistes pour emporter l'adhésion ( je pense qu'avec un vocabulaire de moins de cent mots on peut suivre l'ensemble des échanges). Le personnage de Julie n'est pas explicité juste vaguement esquissé.
Le seul point intéressant est la manière de filmer. Rythmée, menée tambour battant, caméra à l'épaule, à la manière des premiers plans de "Rosetta" des frères Dardenne, on peut reconnaître un certain savoir faire.
La maîtrise technique est elle toutefois suffisante pour faire un bon film ? On convoquera un collègue de Mme Quivoron un certain Akira Kurosawa( dont certains de ses films ressortent opportunément sur les écrans) et grand maître de l'Histoire du cinéma, pour nous aider à y voir plus clair .
" si l'on est seulement préoccupé par des questions de forme sans avoir rien à dire, alors même cette forme n'aboutira à rien. Les techniques n'enrichissent pas un metteur en scène, elles le limitent. La technique seule, sans rien pour en soutenir le poids, écrase toujours l'idée fondamentale qui devrait prévaloir. " ( fin de citation).
Quant au montage il laisse malheureusement la place à des longueurs et " rodeo" ne démarre ( c'est le comble) jamais vraiment.
En dehors de la façon de filmer, " rodeo" est décevant et souffre de la comparaison avec " Shéhérazade " ( 2018) de JP Marlin et "chouf"(2015) de Karim Dridi auquel il peut vaguement faire penser par endroit.
Le comble, c'est que les aficionados du "cross bitume" qui viendraient voir ces fameux acrobates du guidon, qui roulent sur la roue arrière à leur temps perdu en faisant pétarader leurs engins parfois volés ( au mépris de la sécurité des autres usagers de l'espace public) ne trouveront sans doute pas le spectacle qu'ils attendent.
" Rodeo" n'est pas du tout un navet, n'exagérons rien. Est ce un grand film ou même un film indispensable à voir pour le spectateur occasionnel ? Malheureusement, non. Le cinéphile curieux, hostile au " cross bitume" pourra malgré tout y jeter un œil.