Les films dont une grande partie est consacrée à la politique ne sont pas si fréquents dans le cinéma hexagonal. "De grandes espérances" en fait partie, mais ce n'est pas que cela. En fait c'est un film sur les trahisons, les trahisons en politique et les trahisons amoureuses. C'est aussi un film sur les relations fille / père et les relations fils / père. C'est également, à sa façon, une sorte de thriller. Vous allez me dire : cela ne fait-il pas trop pour un seul film ? Eh bien, pas du tout, grâce à la réunion d'un certain nombre de grands talents. Pour commencer, celui de Sylvain Desclous, le réalisateur. Alors qu'il atteint la cinquantaine, "De grandes espérances" n'est que son deuxième long métrage de fiction mais cela ne l'empêche pas de se montrer particulièrement compétent dans l'art d'utiliser les ellipses, particulièrement compétent dans l'art du montage, réalisé avec Isabelle Poudevigne, chaque scène ayant très exactement la bonne longueur. Grand talent, aussi, chez Rebecca Marder qui interprète superbement le rôle principal, celui de Madeleine Pastor, une jeune femme très intéressée par la politique et, tout particulièrement, par tout ce qui tourne autour de l'économie sociale et solidaire. Grand talent aussi chez Emmanuelle Bercot, députée PS dans le film, dont on ne cesse de se demander si elle est aussi sincèrement de gauche que ce qu'elle veut faire croire. Grand talent aussi chez Marc Barbé, interprète du père de Madeleine, un petit rôle mais très important ! Quant à Benjamin Lavernhe, l'interprète d'Antoine Mandeville, le fiancé de Madeleine, on connaît ses grandes qualités de comédiens, mais ici il hérite d'un rôle très ingrat : un homme lâche, veule, déloyal. Eh bien, il s'en sort plutôt bien. Tout cela donne un des tout meilleurs films de ce début d'année.