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soniadidierkmurgia
1 177 abonnés
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4,0
Publiée le 25 septembre 2023
“De grandes espérances” de Sylvain Desclous démontre avec force et brio qu’il est encore possible de produire et de réaliser en France des films passionnants qui ne soient pas complètement imprégnés ou asservis à l’idéologie dominante actuelle qui ne raisonnant plus qu’en termes de quotas et d’interdits fait tranquillement le ménage par le vide, peut-être de manière encore plus radicale que le fameux code Hays sévissant à Hollywood à partir des années 1930. Aux côtés d’autres jeunes réalisateurs sous-employés comme Emmanuelle Cuau (“Pris de court” en 2007), Hubert Charuel (“Petit paysan” en 2017), Bertrand Bonello (“L’Appolonide” en 2012), Arthur Harari (“Diamant noir” en 2016), Raphaël Jacoulot ( “Coup de chaud”en 2015), Frédéric Mermoud (“Moka” en 2016), Gérard Pautonnier (“Coup de froid” en 2017) et Rebecca Zlotowski (“Grand central” en 2013), Sylvain Desclous fait de la résistance, tentant de faire survivre le cinéma des générations de réalisateurs qui les ont précédés où prévalaient une certaine liberté de ton mais aussi un peu de nuance salvatrice Combat méritoire qu’il convient ici de saluer quand on imagine à l’aune de quels critères sont attribués les budgets depuis une petite dizaine d’années. Le scénario écrit par Sylvain Desclous avec Pierre Erwan Guillaume emprunte très habilement et de biais la voie du thriller pour interroger sur le rapport à la vérité et à la morale des élites françaises qui pourtant ne jurent plus que par la transparence. Ici deux candidats à l’ENA issus de deux classes sociales très différentes. Antoine (Benjamin Lavernhe) fils d’un avocat (Pascal Elso) et d’une ancienne ministre socialiste (Emmanuelle Bercot) et son amoureuse Madeleine (Rebecca Marder)spoiler: d’extraction populaire qui vont se trouver par un malencontreux accident, impliqués dans la mort d’un homme à quelques jours d’un oral engageant leur destin et mettant durement à l’épreuve leurs convictions politiques très orientées à gauche. Le choix est bien sûr cornélien de devoir commencer sa prometteuse carrière sur un terrible mensonge. Fort de ce dilemme majeur, le réalisateur s’évertue à observer Madeleine et Antoine face à la culpabilité qui ronge . Les réflexes de classe vont rapidement ressurgir et interférer sur la suite des évènements. Sylvain Desclous articulent les enjeux qui scandent l’intrigue de manière très subtile très loin de l’artillerie lourde des thèses "wokistes" et mondialistes qui inondent aujourd’hui les scénarios. Aux côtés des interprètes principaux remarquables, Emmanuelle Bercot, Marc Barbé et Pascal Elso sont parfaits. Sans doute le dénouement aurait pu facilement être mieux orchestré pour gagner en crédibilité. Mais ne faisons surtout pas la fine bouche en ces temps de disette partis pour s’éterniser. A chaudement recommander.
Voici un exemple quasiment parfait de scénario très intéressant, platement mis en scène, et peu incarné.
Sur le papier, De grandes espérances est en effet très prometteur : une histoire complexe, une description de plusieurs milieux dont la confrontation est intéressante (les étudiants de l'ENA possédés par la politique, une jeune femme issue d'un milieu très modeste, une famille bourgeoise), des évolutions de personnages sur la durée, un cas de conscience qui tourne au thriller psychologique, un beau casting.
Bref, quelque chose qui pourrait ressembler, dans l'idéal, à un épisode de Baron noir réalisé par Krzysztof Kieslowski.
Mais hélas, si le film se laisse regarder, il déçoit un peu par sa platitude atone. Le sentiment de réalité ne s'impose jamais avec force, et j'ai eu l'impression étrange de suivre la mise en image d'un scénario écrit, à l'image de la scène décisive se déroulant en Corse, manquant de souffle et de tension.
Je n'ai pas trouvé le couple Rebecca Marder / Benjamin Lavernhe très convaincant, et si Emmanuelle Bercot est excellente en femme cherchant à devenir ministre, il m'a semblé que les dialogues en rapport avec la politique sonnaient souvent un peu faux.
Pas désagréable et très bien écrit, mais trop appliqué pour convaincre totalement.
Madeleine est jeune, brillante, et sort tout juste de Sciences Po avec les honneurs. Elle est idéaliste et pense refaire le monde : un drame va pourtant faire voler en éclats toutes ses belles résolutions de justice et d'intégrité... Le duo Rebecca Marder / Benjamin Lavernhe, appuyé par une Emmanuelle Bercot inspirée, fait mouche et nous embarque dans une sorte de thriller psychologique dans lequel tous les coups sont permis. Du bon cinéma français comme on l'aime : simple, efficace, séduisant, doté d'un casting impeccable... Foncez ! Site CINEMADOURG.free.fr
Thriller tendu, drame humain abouti, peinture de notre société très juste, ce film est vraiment réussi et absolument captivant. Scénario sans (trop de) facilités et bien construit, réalisation nerveuse et fluide avec par dessus tout une remarquable interprétation de Rebecca Marder admirable de force et de fragilité, d’ambiguïté et de finesse. Et la réplique est parfaitement donnée par les autres rôles, y compris les seconds (la séquence de la syndicaliste et du ministre est fantatstique); Merveille d’équilibre, peinture précise de notre société peu reluisante mais qui pourtant mérite le titre du film.
Entre drame et thriller, un scénario prise de tête comme on les aime. On y ajoute une touche de politique du haut du panier de crabes et on se retrouve dans un film au final très complet. Rebecca Marder épatante en animal politique manipulateur. Pas sûr que ça rapproche le peuple des politiciens mais artistiquement c’est beau et propre.
Quel scénario ! Pourtant, le démarrage ne présageait rien de bon, avec cette « masturbation » sur les études à l’ENA. Puis le décor, si on peut dire, a été vite planté, avec au passage de splendides vues de la Corse. Le reste du film tourne autour du jeune couple étudiant, remarquablement interprété par Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe, qu’on peut juger mal assorti, tant les évènements dramatiques s’enchaînent pour se retourner contre celui qui pensait maîtriser la situation. Emmanuelle Bercot est également excellente en députée du Nord, et les seconds rôles sont aussi très bien réussis. Les pérégrinations politiques sont particulièrement réalistes, notamment dans une usine où les salariés aimeraient racheter l’entreprise au détriment des solutions capitalistes que d’aucuns tentent de leur imposer. Bref un film réellement à voir , avec la découverte d’une actrice, Rebecca Marder, sans doute promise à une belle carrière.
Un drame thriller pleinement maîtrisé. En dehors d une scène dans la voiture qui précéde le drame au début du film, les acteurs sont parfaits. Mention spéciale pour Emmanuelle Bercot dans le rôle de Gabrielle. Un bon film à découvrir...
Contrairement à son titre, c'est sans espérances particulières que je suis allé voir ce film et ce fut au final une belle surprise !
Efficace. Typiquement le genre de films dont on sait pertinemment qu'il ne s'agit pas d'un chef d'oeuvre et sur lequel on est bien conscient qu'il y aurait à redire mais que l'on prend du plaisir à regarder et au jeu duquel on finit par se prendre, notamment grâce à une atmosphère oppressante, particulièrement réussie, qui maintient l'attention et l'intérêt du début à la fin.
Un plaisir également dû en grande partie à la qualité des acteurs principaux.
En fils à papa pas très courageux qui peine à s'émanciper et à exister par lui-même, @benjaminlavernhe est absolument parfait. Jamais dans la caricature, capable d'apporter variations et ambiguïté à son personnage, quel acteur !
La performance d'@emmabercot est également à saluer, d'autant plus que les scènes traitant de politique sont toujours particulièrement périlleuses car pouvant vite tomber dans l'outrancier et le cliché. Contrairement à La Syndicaliste, où tout sonnait faux selon moi, le film trouve ici un ton juste et mesuré, en grande partie grâce à l'actrice qui n'en fait jamais trop.
Enfin, je m'arrêterai bien entendu sur @rebeccamarder, que l'on voit à peu près partout en ce moment, et qui, film après film, me convainc de plus en plus. Ici, elle incarne de manière extrêmement convaincante ce personnage toute en ambivalence, partagée entre les valeurs qu'elle défend et son ambition personnelle.
En résumé : des acteurs particulièrement bien dirigés, une mise en scène plutôt ambitieuse, un scénario qui parvient à nous tenir en haleine de bout en bout, Sylvain Desclous signe un troisième long métrage de très bonne facture et prometteur.
J ai trouvé que le côté thriller fonctionnait très bien, en revanche son côté politique sonne assez faux (chose récurrente dans le cinéma français). Sûrement à cause de l écriture et de la construction car pour le coup les acteurs sont convaincants, Emmanuelle Bercot en tête qui fait une député crédible. Le film vaut surtout pour cette relation qui se détruit entre deux personnages suite à un événement et comment leurs différences qu ils dissimulaient jusque la explosent au grand jour. Un film inégal, pas dénué d intérêt mais qui aurait sûrement gagné à moins s éparpiller.
Un drame socio-politique qui s'éparpille trop malgré la grande qualité du casting et la bonne volonté du réalisateur. La critique complète sur https://le-blog-d-elisabeth-g.blogspot.com/2023/04/de-grandes-esperances-de-sylvain.html
J’ai mis un peu de temps à rentrer dedans, mais je me suis petit-à-petit laissé appâter par ce scénario et cette héroïne qui essaie de "noyer" à travers ses ambitions politiques le drame qui s’est préalablement joué tout en sachant éperdument que celui-ci va resurgir comme un couperet à un moment ou à un autre. Un thriller à la mécanique implacable avec Rebecca Madder qui m’avait déjà fait une très forte impression dans « Simone ».
Le début du long-métrage de Sylvain Desclous est d’une redoutable efficacité. En effet, c’est une mauvaise rencontre sur une route Corse, qui va faire basculer le couple dans une spirale totalement inattendue. Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe incarnent avec une grande justesse ces deux jeunes gens qui semblent promis à un grand avenir dans le monde de la politique. Ils se retrouvent alors avec un secret trop lourd à porter, qui les tiraille dans leurs fors intérieurs. C’est clairement la partie la plus captivante du récit mais très vite on regrette que cet aspect de l’histoire soit délaissé. On aurait aimé avoir plus d’éléments sur l’enquête, sur les preuves et les témoignages. Au contraire, après l’évènement initial le film prend un virage à 180 degrés et s’intéresse beaucoup trop à la carrière politique de la jeune femme. Le personnage incarné par Benjamin Lavernhe disparait alors beaucoup trop du récit. Et la place est alors prise par Emmanuelle Bercot qui incarne une députée pour laquelle la jeune femme se met au service. Même si cette dernière est très convaincante, elle n’apporte pas grand chose à l’intrigue principale qui nous intéresse le plus. Le long-métrage a donc le cul entre deux chaises en permanence et ne choisit pas son sujet. Évidemment pour le spectateur c’est frustrant, avec cette impression de ne pas aller au bout des choses. Et même si les interprètes sont formidables, le film laisse un sentiment mitigé.
J’ai beaucoup aimé « De grandes espérances » car le scénario mélange une réalité assez facile à percevoir de jeunes étudiants en études politiques qui veulent changer le monde avec un rebondissement de fiction qui va changer leur vie à jamais. C’est finement observé et rendu avec la difficulté, sur le temps long, d’emmener au bout – vote validé et décret d’application – de grandes idées politiques et, sur le temps court, les coups bas politiques à contrer au quotidien. A cela, s’ajoutent les rebondissements d’un vrai thriller. C’est très bien interprété, des premiers au seconds rôles. Le talent de scénariste de Sylvain Desclous me donne envie de voir « Vendeur » (2016), le premier film du scénariste-réalisateur, que j’ai loupé à sa sortie.