Je pense que le cinéma d'Alice Winocour est beaucoup moins intéressant que ce que certaines peuvent bien en dire. Disons que avec ce Revoir Paris j'ai eu l'impression d'être pris au piège, que c'est facile de faire chialer dans les chaumières sur un sujet qui a traumatisé pas mal de français où il est question de la mise à mort d'innocents de manière totalement arbitraire et de sang froid... Forcément c'est horrible...
Après la question de la représentation est intéressante, car dans Amanda (autre film sur les attentats à Paris) on ne voyait rien, le personnage arrive et le massacre a déjà eu lieu. Ici on voit le début de l'attaque et je trouve que ça ne fonctionne pas car Winocour ne va pas jusqu'au bout de l'idée, elle montre un peu et puis s'arrête... Mais montre, ou ne montre pas, mais ne fais pas semblant comme ça de ne pas trop en montrer... Surtout que la narratrice dit qu'après ça elle ne se souvient plus, ok, ça pourrait expliquer qu'on ne voit pas la suite, mais on constate après dans le film qu'elle a du mal à se souvenir déjà des éléments juste avant l'attaque... Alors pourquoi montrer ça ?
L'autre problème c'est que toutes les scènes ne fonctionne pas, Winocour ne sait pas être subtil, c'est terrible. L'un des plus beaux moments du film c'est un australien qui dit qu'il ne recontactera pas une fille qu'il a embrassé durant les attentats, pour ne pas repenser à elle tous les jours du reste de sa vie, mais que malgré tout il n'arrive pas arrêter de penser à elle. Ok, très bien, ça marche, c'est touchant... Mais pourquoi mettre un flashback des deux qui se paluchent ensuite ? On avait compris... ça n'apporte rien, c'est juste dégueu alors que jusque là la séquence était vraiment juste et bien sentie.
En plus le film est assez prévisible (totalement), que ça soit ce que va vraiment faire le mec d'Efira le soir de l'attentat, avec qui va finir Efira, qui s'est vraiment enfermé dans les toilettes et a empêché d'autres personnes d'être sauvées...
Et si ce n'est pas prévisible c'est mal amené comme pour les retrouvailles finales, le mec qui avait disparu, on sait pas pourquoi, mais pile au moment où Efira demande son adresse (pourquoi l'avait elle pas demandé avant ? nul ne sait) et bien il est de retour... quelle surprise !
Tout est comme ça... et finalement moi qui était assez pris malgré tout dans cette histoire je me suis retrouvé sorti du film et je ne voyais plus qu'écrit scénario en gros sur toutes les scènes. Dommage.
Surtout qu'on ne va pas se mentir, ça dit quand même un peu des banalités sur le fait de se reconstruire après un événement traumatisant. Alors je dis événement traumatisant parce que ça aurait pu être n'importe quoi d'autre... littéralement... tu peux faire le même film sur un naufrage, un accident d'avion ou que sais-je... Il y a juste une phrase qui parle des auteurs de l'attentat (il avait l'air gentil, il tenait la porte, il disait bonjour... toussa toussa) On sent que surtout le film ne veut pas stigmatiser, veut véhiculer des valeurs positives, blablabla, c'est bien mignon les bons sentiments, mais ça ne fait pas de bons films.
Mais je pense que le plus mauvais goût du film c'est de jouer avec le fait que le spectateur attend le moment de l'attentat, qu'il sait que ça va arriver... et qu'il se permet de lancer une fausse alerte au début du film... c'est tellement grossier, ça sert à rien... on dirait un vieil effet bus digne d'une série Z.
Et en même temps, ben certains passages fonctionnent même s'ils sont sabotés ensuite par la lourdeur de la mise en scène... J'suis mitigé.