On a beau avoir l'estomac noué durant tout le film (qui peut être une raison pour l'aimer), ce n'est quand même pas une raison pour applaudir à tout casser. Le film se mêle parfois les pinceaux entre scènes montrées, scènes non montrées puis montrées, scènes imaginées, flashbacks, scènes revues une fois un souvenir revenu, scènes revues une fois un doute installé... Ce n'est pas un chef-d'œuvre de réalisation.
Mais c'est un chef-d'œuvre d'interprétation, essentiellement Virginie Efira. Et, ce faisant, un bel effort pour tenter de montrer comment un traumatisme peut détruire une vie, et comment un traumatisé peut se reconstruire. Tenter.
Tenter seulement, car il existe d'autres moyens de se reconstruire. Le film montre "une" histoire de reconstruction. Cette histoire sera comprise par ceux qui ont vécu un traumatisme et qui ont réalisé ensuite qu'ils ne peuvent s'en remettre qu'en le revivant, en le "revoyant", d'une façon ou d'une autre (d'où le titre ?). Cette histoire ne pourra pas être entendue par ceux qui réagissent différemment, qui "surmontent" autrement, qui "conjurent le sort" d'une autre façon.
Revoir, ici, c'est se souvenir (mais "il faut être deux pour se souvenir" quand on ne se souvient plus) ; c'est retrouver, un inconnu par exemple qui était là au moment du traumatisme ; c'est partager ensuite, quand l'autre accepte, sans tourner le dos.
Mais ça restera un mystère, pour les spectateurs qui n'ont pas connu la mort de près, soudaine. Un mystère, ce nœud qui se noue dans l'effroi sur le moment (avec un inconnu). Un mystère, cette recherche, plus tard, du détail insignifiant (mais signifiant pour le traumatisé). Un mystère aussi, ce besoin d'inventer chez d'autres (il y en a un exemple dans le film). Un mystère enfin, ce besoin de faire quelque chose de cette histoire, un jour...
A.G.