Mascarade part très mal avec des témoignages lors d'un procès, qui vont revenir à intervalles réguliers, et des flashbacks qui vont nous guider (lourdement) pour comprendre le pourquoi du comment d'une affaire nébuleuse. Sauf que, d'emblée, tous les personnages y sont antipathiques au possible, la plupart étant surjoués par des interprètes prestigieux (voir plus loin) mais très mal dirigés par un Nicolas Bedos que l'on a connu bien meilleur dans cet exercice. Le scénario n'est pas fameux, il est vrai, habillé de chausse-trappe plus ou moins grossières, et dominé par le sexe, l'argent et le pouvoir, trilogie reine en surcote d'Azur, région privilégiée par les cinéastes pour diffuser une amoralité sans complexe. Tout semble factice dans Mascarade, qui porte bien son nom : le récit, qui plus est, parait interminable, les personnages, se révèlent imbuvables, à commencer par le gigolo et la gigolette d'opérette, sans oublier leurs victimes. C'est une vraie désillusion pour qui apprécie habituellement l'écriture de Bedos car ici c'est la vulgarité qui s'impose de bout en bout, un théâtre de marionnettes qui a dû amuser l'auteur mais qui n'est jamais drôle et au contraire pathétique. Quelle tristesse de voir les rôles qu'ont à défendre Isabelle Adjani, qui se la joue Bette Davis, ou François Cluzet, peu crédible (ce n'est pas mieux pour la merveilleuse Laura Morante). Pierre Niney semble lui étrangement peu présent, peut-être conscient du ridicule des situations et des dialogues alors que Marina Vacth s'en tire bien mieux, n'hésitant pas à se donner à fond. Hors de prix, de Pierre Salvadori, sur un registre voisin et dans quasiment les mêmes lieux, possédait un charme cruellement absent de cette peu aimable Mascarade.