Je me suis tenté à regarder cet énième film d’action/espionnage sauce Mission : Impossible, James Bond et Jason Bourne.
Comme tous ses prédécesseurs, le film nous fait le tour de l’Europe façon carte postale, enchaînant dans chaque localité, les fusillades, courses-poursuites, trahison, et grandes séquences d’actions époustouflantes, les money shot, sensés « rentabiliser » le ticket de cinéma, et faisant office de teaser pour le public.
Le réalisateur Tom Harper n’invente rien, venu des séries TV, il se contente de décalquer à l’identique tous les films d’actions de ces 25 dernières années, sans aucune idée originale ou prise de risque.
La présence du scénariste Greg Rucka, auteur du film Netflix Old Guard, montre l’absence de toute initiative artistique.
Ce qui donne au film un ton par moment enfantin, alors que les personnages passent leur temps à dire que ce n’est pas un jeu, le côté manichéen à l’extrême des antagonistes, le fait que l’héroïne survit à chaque chute, accident de voiture, lui donnant un côté immortel qui casse tout enjeu émotionnel pour le personnage.
Seul le personnage de Keya (Alia Bhatt), apporte un minimum de nuance, sans sauver le film.
On regrettera également que les auteurs font faire des choses absurdes à l’I.A. de l’organisation secrète, comme faire tomber un ascenseur (il existe une sécurité pour éviter ce risque justement), où le fait que l’électricité, les portes mécaniques et la ventilation d’un bunker de la Guerre Froide soit piratable à distance, un non-sens évident.
Les scénaristes doivent arrêter d’imaginer que chaque téléphone, caméra, chaque toaster, chaque four à micro-ondes soit piratables à distance, en direct, avec un bouton. La plupart des objets intelligents ont juste une liaison pour communiquer sur leur activité. Beaucoup de systèmes font partie d’un réseau fermé et ne sont pas tous connectés à Internet.
Le fait de reprendre les concepts d’un Minority Report pour la gestuelle du logiciel, ou les statistiques prévoyant l’avenir comme l’I.A. Rehoboam de Wetworld, est une insulte à tout cinéphile qui se respecte.
Le film n’est pas nullissime, mais il est anonyme et prévisible à mort, tant il plagie tous ses prédécesseurs, dénué d’audace, manquant d’âme. La seule variante étant la tête de gondole Gal Gadot.