Mélo solaire
Beaucoup avaient aimé le 1er film de Fabien Gorgeart, Diane a les épaules en 2017. Ce nouveau drame est tout aussi réussi et bouleversant et ne se prive pas de poser des questions cruciales. Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ». 100 minutes de plongée dans une famille qui va aller du bonheur au déchirement. Ce film, qui ne sortira sur les écrans que fin février 2022 a reçu le Prix du Jury au Festival d’Angoulême.
On sait d’emblée que l’issue est inéluctable. Ce n’est donc pas le suspense qui est le moteur de ce mélo familial assumé. Ce qui est ici poignant ce sont les répercussions des décisions de justice sur la vie d’une famille d’accueil et sur l’enfant lui-même écartelé entre un père biologique et ce qu’il pense être sa « vraie » famille. Car le titre est extrêmement bien choisi, même si, personnellement, j’aurais ajouté un point d’interrogation. Car, en vérité, toute la question est là pour ce petit bonhomme de 6 ans. Ce film est un admirable crève-cœur dont on ne sort pas indemne. Belle écriture – dont on sait qu’elle est en parie autobiographique, et superbe interprétation.
Mélanie Thierry, Prix d’interprétation à Angoulême, porte le film avec une force et une détermination remarquables. Une de nos très belles actrices. A ses côtés Lyes Salem et Félix Moati sont parfaits de sobriété et de justesse. Mais, la grande force du film est le casting et la direction des trois enfants qui sont d’un naturel confondant. La palme revient à Gabriel Pavie, petit acteur en herbe aux regards bouleversants qui feraient fondre un iceberg. Citons également les deux autres enfants, Idris Laurentin-Khelifi et Basile Violette qui le méritent bien. Un très beau film.