Comme à l'accoutumée, Tarantino multiplie les références et mélange plusieurs genres différents pour rendre hommage aux western spaghettis mais également aux films de kung-fu et de samouraïs. Pour ce faire on reconnait cette recherche artistique permanente (pour ne pas dire délire créatif) qui caractérise ce réalisateur : on passe du noir et blanc à un combat de silhouettes, à du sang sur tous les plans, un costume jaune, des sous-titres pour les noms des personnages, un découpage en chapitre, de la musique en tout genre, des changements d'ambiance toute les cinq minutes. C'est super bien filmé (les plans séquences sont tops) et les chorégraphies des combats sont stupéfiantes. On sent qu'il s'est vraiment lâché et les idées ne manquent pas, malheureusement le mélange ne passe pas, l'ensemble ne tient pas debout : même si le scénario, tenant sur un timbre post, est compréhensible, on a l'impression que ça n'a aucun sens tant ça va dans tous les sens.
Mais le plus dérangeant n'est pas là : mais surtout dans cette énième histoire de vengeance que nous sert Quentin, et une fois de plus, la vengeance est normalisée, banalisée, encouragée, elle en est carrément la morale de l'histoire. On nous explique carrément que de nombreuses femmes qui ont été violées ou avortées ont sombré dans une folie meurtrière... Alors peut-être, mais dans ce cas là il aurait fallu contextualiser la chose, nous signaler qu'on est dans un film historique, documentaire ou d'horreur, plutôt que de nous le servir comme un bon film d'action, et puis éviter de légitimiser la chose. Ici, que des choses laides et qui semblent complètement irréelles : des viols dans les hôpitaux, de la torture, de la vengeance, de la haine, du sang, du sang partout sur la caméra, des giclées de sang et des carnages tout la durée du visionnage. L'ambiance est bipolaire, les personnages alternent vrais combats à mort et discussion autour d'un thé.
Parlons de la BO, très riche car réunissant de la pop, de la musique épique, de film, du rock, du hip-hop. Bien que les morceaux soient épiques (le cultissime "Battle without honor or humanity", malheureusement coupée en plein milieu) ils n'ont parfois pas vraiment de rapport avec le film, comme la magnifique "The lonely sheperd", ou sont volés à des films ("Twisted Nerve" de Bernard Herrmann). La musique d'ouverture "Bang bang, my baby shot me down" de Nancy Sinatra, elle, par contre et parfaitement bien choisie au vue des paroles et de la sonorité. Le morceau "Woo hoo" est pas mal non plus.
En ce qui concerne le casting, Uma Thurman (Bienvene à Gattaca, Pulp Fiction) est ici dans son plus grand rôle, et l'actrice prouve encore une fois son talent. Son ennemi, Bill, lui, on ne voit pas encore son visage, bien que le personnage intrigue par ses répliques et sa manière de parler, on ne sait pas encore pourquoi on nous le cache. Autre élément intéressant de mise en scène : la lumière rouge lorsque Black Mamba retrouve ces ennemis, élément aujourd'hui devenu un même iconique et donc décrédibilisé.
C'est assez bien fait, le rythme est bon bien que le montage des scènes soit saccadé, c'est rempli de scènes épiques et mythiques (Black Mamba contre les 88 fous) mais le scénario est affreux, le spectacle est dégoutant. On s'interroge sur la signification de tout cela, et ce ne sont toutes les théories qui disent que l'oeuvre est sexiste ou féministe qui nous avancent. Mais le film est un dyptique (composé de deux parties) et la dernière réplique de ce volume 1 intrigue pourtant beaucoup et donne envie de voir la suite. Peut-être que la deuxième partie explique la première.